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Au chevet de Nishal
12ᵉ jour de grève, de brûlures et crampes d’estomac, de fatigue physique, psychique, de trous de mémoire, vertige, bouffée de chaleur, mais toujours ce grand sourire, authentique, empathique, qui illumine le visage de Nishal Joyram. Cet enseignant, qui vient du Sud et qui a planté sa tente sur la place Cathédrale, en plein coeur de Port-Louis, met sa vie en danger par pur altruisme, en menant une action de parole, une parole qui n’a pas été entendue par des autorités qui ne savent plus hiérarchiser les priorités budgétaires, et qui tend alors à plumer le contribuable pour boucher des trous béants.
Comme des centaines de citoyens, je me devais d’aller rencontrer Nishal Joyram qui se bat pour les autres, non pas pour se faire connaître ou remarquer, mais pour ceux qui ne peuvent plus se permettre de payer l’essence et le diesel aux prix affichés, sans compter l’effet domino que cela provoque sur l’alimentation, l’éducation, la santé publique.
«Nad, ne parle pas de moi, parle du problème des carburants chers. Tu sais le problème à Maurice c’est qu’on focalise trop sur les gens, qui deviennent alors plus importants, en raison de leur ego, que le combat qu’ils mènent», m’a murmuré Nishal. Preuve qu’il n’est pas, contrairement à plusieurs autres militants ou activistes, en mal ou en quête de publicité ou de tam-tam médiatique. Au collège, on l’a toujours connu ainsi : discret, solidaire, bienveillant. Les années ont tourné la roue de la vie, mais lui est demeuré intact. Un coeur pur, simple.
Nishal voulait, mais ne pouvait pas parler longtemps. 10 jours sans avaler rien d’autre que de l’eau relève déjà de l’exploit, surtout que le soleil portlouisien est impitoyable en cette fin d’année.
Plusieurs passants s’arrêtent pour saluer Nishal, l’encourager, ou pour laisser leur signature dans le cahier qui traîne sur une chaise en plastique. Il y a même des fonctionnaires qui ont ressorti le masque (pour braver les NSS qui mangent des pistaches) afin de venir soutenir Nishal. Il me parle de la prise de contact du gouvernement avec les membres du comité de soutien qui se relaient nuit et jour à son chevet. Nishal ne s’attendait pas à un tel élan de solidarité, à ce que les travailleurs sociaux et activistes qui ont compris la justesse de son combat s’organisent ainsi pour porter son message dans la rue, sur les réseaux sociaux. Il n’est pas seul à Port-Louis. Il voit que les choses bougent désormais, alors il oublie son estomac qui est en feu, qui grogne, qui lui fait mal. Des dirigeants politiques viennent l’écouter aussi. Ils posent avec le gréviste devant les caméras de la presse. Ils réalisent sans doute qu’ils ont devant eux un vrai citoyen, apolitique, qui ne cherche qu’à faire pression pour que les prix des carburants baissent, conformément au cours mondial, en faisant enlever ces taxes locales superflues qui plombent le budget des «ti-dimounes».
Aujourd’hui, samedi, 12e jour de grève. Si les premiers jours se sont bien écoulés, malgré la sensation de faim et des spasmes gastriques importants, l’on entre dans la phase où des symptômes pénibles vont se développer. Il ne pourra pas marcher aujourd’hui à cause de l’hypotension et les vertiges. Déjà jeudi il nous confiait ressentir des difficultés de concentration et de réflexion...Si on ne fait rien, viendra, comme le confie le vaillant Dr Vasantrao Gujadhur, la phase de maladie avec des dégâts parfois irréversibles. Nishal a besoin de notre soutien pour aider les plus démunis de notre société et pour rester en bonne santé. Pour cela, il faut faire fléchir le gouvernement mal avisé sur le dossier des carburants et…Betamax.
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