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A Mahatma, a Terminator or a PM in the making?

10 décembre 2022, 09:10

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On a évité le pire avec la grève de la faim de Nishal Joyram. Ce dernier a finalement regagné sa demeure à bord de la Jaguar XF de sa soeur. Les six cylindres domptant le moteur de trois litres de cette Jaguar auraient certainement profité d’une baisse de prix des carburants. 

Il est vrai que ce gouvernement ne manque pas de commettre des gaffes mais il est peu probable qu’on aurait laissé mourir cet homme sans une intervention énergique et musclée des autorités. Si le seuil critique avait été atteint, on aurait assisté à une intervention du Service d’Aide Médicale d’Urgence avec des commandos ‘libérant’ Nishal Joyram et le confiant aux urgentistes. Connaissant la hargne avec laquelle le gouvernement assomme ses adversaires, le Dr Vasantrao Gujadhur aurait été arrêté manu militari et cassé comme médecin s’il avait laissé son protégé mourir. 

Toujours sur l’état de santé de Joyram, on a constaté comment la City Clinic du légendaire Dr Patrick Chui Wan Cheong l’a remis en forme, quelques heures à peine après son admission. C’est un homme détendu, se permettant même des boutades, qui devait parler aux journalistes avant son retour chez lui. 

Certains n’ont pas manqué de décrire Joyram comme un Mahatma Gandhi, version mauricienne. Avec raison car le dirigeant indien choisissait souvent une grève de la faim pour défendre une cause. De juillet 1913 en Afrique du Sud à janvier 1948 à Delhi, Gandhi a utilisé l’arme de la grève de la faim en pas moins de 18 occasions. Deux semaines avant son assassinat, le 30 janvier 1948, Gandhi a entamé sa dernière grève de la faim pour exhorter les Hindous à ne pas opprimer les Musulmans. 

Le Mauricien Joyram a battu Gandhi en matière de durée d’une grève de la faim. En trois occasions différentes, Gandhi a stoppé son action au 21e jour. Incontestablement, notre Joyram, avec ses 22 jours de grève, bat Gandhi d’un jour. La palme revient toutefois au Mauricien Salim Muthy, avec ses 23 jours de grève. Il ne faudrait cependant pas faire trop de parallèles entre le Mahatma indien et ses clones mauriciens. Par exemple, Gandhi, après avoir mis fin à une grève de la faim, aurait refusé de s’asseoir dans une Rolls ou une Sunbean Dawn ou encore une Humber 16/50 des années 1930, bien que ses partisans, dont des maharajas, pouvaient s’offrir ces belles berlines anglaises. 

En sus d’être devenu Mahatma, Joyram a manqué de près de se hisser aussi au rang de Terminator de ce gouvernement. En effet, le pouvoir même se serait désintégré, dans la plus grande pagaille, s’il avait cédé et fait baisser le prix des carburants. Les grèves de la faim se seraient alors multipliées et le gouvernement aurait été forcé à ‘tir-kalson’ à une fréquence régulière. L’apathie de la population a aidé le gouvernement. Il est fort regrettable que les Mauriciens ne se soient pas comportés comme les citoyens des pays civilisés, en allumant leurs phares en solidarité avec Joyram. On n’a pas pris de Local leave, non plus, pour venir à la place de la Cathédrale. 

L’action de Joyram, dans son ensemble, aura été un grand succès. En sus de bénéficier de l’imposition des mains du chef de l’Eglise lui-même, il a été gratifié d’un large soutien dans différents milieux. Fort de ses acquis, Joyram se laisserait-il tenter par la politique politicienne ? Au fait, il n’est pas si vierge que cela dans ses goûts et couleurs. En effet, il s’était porté candidat aux élections de novembre 2019, sous la bannière du Reform Party, à Savanne/ Rivière-Noire. Douzième au classement, il a recueilli 640 votes sur les 47 110 voix exprimées, soit 1,3 % du suffrage. Joyram a même été battu par l’artiste Jean-Jacques Arjoon. 

A sa première sortie électorale, Joyram a démontré néanmoins qu’il était très attaché au concept du ‘mauricianisme’ pur et intégral. Il s’est affiché officiellement comme un membre de la population générale. Maintenant, fort de sa prestation, place de la Cathédrale, il s’affirme comme l’un des citoyens les plus avant-gardistes de la nation mauricienne. Quel beau matériel pour fabriquer un futur Premier ministre. Les sollicitations dont il a fait l’objet, ces derniers jours, ne reflètent-elles pas un jockeying for position de la part d’opportunistes se voyant déjà ministres sous un gouvernement Joyram ? 

Sur le plan politique, Joyram serait un produit totalement différent, loin de ces personnages grotesques, qui se manifestent lors d’événements ‘socio-culturels’. Avec la famille Joyram, on découvre une dimension plus profonde et plus sincère, d’authentiques personnalités oeuvrant pour le bonheur des Mauriciens. On n’a qu’à écouter avec quelle aisance Nathalie, l’épouse de Nishal, évoque le Seigneur et cite des extraits appropriés de la Bible, pour savoir qu’on a affaire à des patriotes, qui cherchent vraiment à stopper la décadence de cette belle nation mauricienne.