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Grâce : l’argument économique ou tragi-comique ?
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Grâce : l’argument économique ou tragi-comique ?
Pravind Jugnauth avait raison mais on ne l’avait pas compris quand il parlait de feel-good factor. Il parlait pour quelques happy few. Hier, un propriétaire d’un litchi, par ailleurs commissaire de police, pouvait compter sur la rapidité de ses équipes pour sévir, en moins de deux, contre une personne qui serait parvenue à se faufiler entre le filet et les chauve-souris pour voler quelques fruits rouges. Aujourd’hui, un bon père de famille, par ailleurs commissaire de police lui aussi, a pu compter sur un ancien chef juge pour commuer les 12 mois de prison ferme de son fils en une amende de Rs 100 000. Les CP sont des dieux et ils nous montrent la voie, tu parles…
Tiens, tiens. Un an de prison équivaut à cent mille roupies. En plus, cela fait faire des économies aux services pénitentiaires.
Dans un souci d’étendre le feel-good factor, le gouvernement de Pravind Jugnauth pourrait étudier la question en faisant commuer la peine d’autres détenus, surtout ceux qui ont de l’argent liquide, comme Veeren Peroumal ou Gro Derek qui aimeraient bien respirer l’air libre et aller ramasser les tilapias au bord des réservoirs.
L’ancien chef juge, qui n’a visiblement que faire de l’avis de l’actuelle cheffe juge (qui était son Junior, après tout !), n’est même pas gêné aux entournures : pas le temps d’attendre la décision du Privy Council par rapport au Special Leave de Dip Jr, il faut faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’État… À chacun ses priorités. De toutes façons, entre Matadeen et le Privy Council, c’est du Je-t’aime-moi non-plus.
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En parlant des caisses de l’État, comment passer sous silence le Central Banker of the Year qui, nous dit-on, ferait des merveilles et formerait un tandem de choc avec Renganaden Padayachy. Are we not feeling good about both ? La MIC est leur bébé et ils ne vont jamais le laisser tomber, quoi qu’en dise le FMI. Avec le gouverneur Seegolam et le Grand argentier, on n’a pas à s’en faire apparemment. En fait, ils nous poussent vers le monde post-capitaliste. Plus les caisses seront vides, plus légers nous nous sentirons. Davantage d’inflation ne rime-t-elle pas avec moins de consumérisme ? Il y aurait déjà un plan pour convertir les shopping malls. En quoi ? On ne sait pas encore. Mais le plan nous le dira.
Ce gouvernement pense local. Il ne veut pas que Maurice soit la cuisine expérimentale des politiques néolibérales et des politiques d’austérité sévère. Le duo de choc ne voudrait pas voir se déchirer le tissu social et éliminer ce qui reste de l’État-providence, surtout que des élections se profilent à l’horizon. Pour rester au pouvoir, il faut que l’on se sente bien, même si les caisses sont vides, outre les Rs 40 milliards de la MIC, car ne l’oubliez pas : il y aura toujours des proches qu’on pourrait gracier contre de l’argent, tout comme il restera toujours dans le ciel quelques nuages porteurs de pluie qui viendra remplir nos réservoirs… et si les nuages disparaissent, les socioculturels vont sûrement les rappeler.
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