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Conservation du pouvoir
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Conservation du pouvoir
Pa laiss la fimé sort depi Lakwizinn ! La récente «team building» du MSM à Belle-Mare s’est tenue à huis clos. Les portables étaient interdits. Mot d’ordre : motus et bouche cousue. Le ton n’était pas vraiment aux célébrations, mais aux récriminations. La fête pour beaucoup est finie. Il faut retourner sur le terrain, où le Feel Good Factor, depuis longtemps, a foutu le camp, quoi qu’en disent les discours aseptisés, diffusés par, ou de, la MBC.
En quête d’un nouveau mandat, Pravind Jugnauth peut difficilement ignorer les cris émanant de la rue. Les explications de la STC sur le prix des carburants ne convainquent pas le grand public, témoin des gaspillages, abus et autres passe-droits de ceux au pouvoir, qui roulent des berlines aux frais des contribuables. Le robinet 24/sec (pour reprendre une expression de notre confrère Le Mauricien) et les frais majorés de la facture du CEB viennent amplifier la colère populaire.
Alors que 2023 commence, et que le sablier se vide, le Premier ministre mesure pleinement l’usure du pouvoir qui s’est installée durablement. Il intériorise sans doute ce qui pourrait signifier pour ses proches et lui une défaite électorale. S’ils devaient quitter la vie politique plus rapidement qu’ils ne l’avaient prévu, que deviendraient- ils ? Seraient-ils victimes de représailles, à l’instar de Navin Ramgoolam et de Dawood Rawat ?
Contrairement à son père, Pravind Jugnauth n’a pas connu de traversée du désert depuis qu’il est monté sur le trône. En redescendre et perdre du jour au lendemain tous ses privilèges, toutes ses prérogatives, tous ses chatwas… il faut s’y préparer longtemps à l’avance. En réapprenant l’humilité et l’empathie pour commencer.
Les politiciens savent pertinemment bien qu’il peut être difficile de se maintenir au pouvoir. C’est la peur viscérale qui les accompagne et avec laquelle ils vont s’endormir. L’incident «démons» – une déclaration de guerre qui a mal tourné – en 1995 a grandement provoqué la chute de SAJ, malgré un bilan économique remarquable. La mauvaise com autour du partage des pouvoirs au sein de l’alliance «imbattable» PTr-MMM a causé la perte de Ramgoolam et de Bérenger en 2014, tandis que la courte campagne «katori» a bloqué le comeback annoncé de Ramgoolam en 2019…
Il suffit souvent de peu pour perdre le pouvoir, mais surtout la crédibilité pour gouverner. Pravind Jugnauth est conscient qu’il charrie un nombre record de scandales politiques, dont la terrible affaire Kistnen aux ramifications mafieuses qui s’est produite dans sa circonscription. Les élus du numéro 8 ont embarrassé leur parti avec le dévoilement du carnet Kistnen et de la pétition subséquente de Suren Dayal, qui a frayé son chemin jusqu’au Privy Council. Cet étalage de pratiques électorales déloyales et illégales va miner la crédibilité de ce gouvernement sur le plan international, surtout à un moment où il entreprend des pourparlers avec les Britanniques sur les Chagos.
Au fil des ans, Pravind Jugnauth s’est habitué à l’exercice du pouvoir. Cependant, prendre le pouvoir et le conserver relèvent de deux approches différentes. La longévité politique repose sur des agissements et comportements nécessaires pour conserver ce pouvoir. Dans les prochains jours on verra bien si le body language du Premier ministre exhale un Feel Good Factor contagieux. Ou si, au contraire, il est en proie à des doutes de plus en plus précis…
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