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Presse vs Omerta

10 février 2023, 09:30

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Effet boomerang ? Cinq jours après l’annonce inopinée, par le ministre du Travail, d’une augmentation de salaire pour les «camarades» journalistes, son collègue au cabinet, l’Attorney General, reçoit une volée de bois vert des membres de la presse, qui font bloc pour faire remonter les faits entourant la grave affaire Franklin – que le gouvernement tente, par tous les moyens, de dissimuler. 

Ce n’est pas parce que nombre de journalistes réalisent que le «cadeau» gouvernemental est, en fait, empoisonné (l’objectif, ici, est clairement d’asphyxier davantage les groupes de presse puisque le boycott publicitaire ne suffit plus), qu’ils ont malmené, mercredi, un Maneesh Gobin, manifestement pas préparé, groggy, seul face aux questions, sans même un Sooroojdev Phokeer pour le défendre des Al Khizr Ramdin et Narain Jasodanand, Zairah Radha, Stewelderson Casimir, entre autres. À un moment, sous les coups de semonce, Gobin a dit attendre sereinement une PNQ sur toute l’affaire Franklin, sans réaliser que si les parlementaires comme lui sont en congé, nous, les journalistes, nous travaillons tous les jours pour précisément publier ce que le pouvoir ne souhaite pas révéler au public. 

Avant Maneesh Gobin, la presse avait patiemment attendu Pravind Jugnauth, mais, à deux reprises, il a refusé de se mouiller, laissant à son ministre de la Justice le soin d’expliquer pourquoi le gouvernement n’a pas remis le dénommé Franklin aux autorités réunionnaises. 

Si Gobin a effectivement tenté une maladroite explication, en se réfugiant derrière la République française, comme si Maurice était encore une colonie, Jugnauth, lui, a réagi... par le biais de son avouée Shamila Sonah-Ori, qui a émis un communiqué

Le Premier ministre se plaint, dans ce communiqué, qu’on brandisse sa photo avec le prêtenom de Franklin, Rikesh Sumboo. Si n’importe qui peut être photographié avec quelqu’un, pourquoi avait-il alors sorti de vieilles photos de Bruneau Laurette avec des membres de l’opposition au Parlement ? Le diffamateur (profitant de l’immunité parlementaire) se sentirait-il diffamé aujourd’hui, comme hier quand ses photos avec Geanchand Dewdanee (qui a retrouvé la liberté depuis mai 2019) circulaient ? 

Depuis son arrestation, la question demeure : et si l’ICAC protégeait en fait Franklin des autorités réunionnaises, au nom d’une omerta qui ne dit pas son nom…