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Tous responsables
La tragédie a frappé et il serait contre-productif de se livrer à un blame game pour situer des coupables. Force est de reconnaître que tout le monde porte une part de responsabilité dans ce qui s’est passé dans l’après-midi du jeudi 16 février à Mare-Longue.
La façon de célébrer le Maha Shivaratree basée en grande partie sur la convergence vers Grand-Bassin, a bien évolué dans le temps. Dans le passé, on se contentait d’un simple kanwar fabriqué à partir de deux planchettes de bois et d’une structure en bambou recouverte de toile blanche avec de petits accessoires, le tout retenu par de la colle naturelle obtenue en abondance sur le pie-lakol. Le kanwar porté sur l’épaule était assorti de quelques petits miroirs. Mais on confectionnait parfois un kanwar en forme carrée mais jamais de dimension trop grande pour bloquer la circulation automobile. De toute façon, il n’y avait pas trop de véhicules en ces temps-là.
Puis on a assisté à eu une graduelle évolution au point où le kanwar classique a été de plus en plus abandonné pour céder le pas au chariot. Comme pour rappeler le temps des chariots du passé. En effet, le chariot le plus célèbre dans l’Inde antique aura été le Kapi Dhwaja d’Arjuna que pilota le Dieu Krishna. Ce véhicule de guerre- ratha- portait un étendard à l’effigie de Hanuman. À Maurice, le chariot allant vers Grand-Bassin s’est adapté à la technologie moderne et a profité de la grande disponibilité de produits Made in China qu’on a utilisés, la débrouillardise purement mauricienne aidant. La toute dernière tendance dans les jeux de son et lumière vient agrémenter l’ambiance entourant la marche.
Malheureusement, à un certain moment, on a cessé de tenir compte des contraintes imposées par le développement de la société mauricienne. On a trop de véhicules dans le pays. Ensuite les nouvelles infrastructures imposent des limitations. Par exemple, tout le système d’électrification mis en place pour alimenter le tramway pose un véritable danger aux kanwars trop hauts et aux chars trop énormes.
La situation s’est aggravée, d’année en année. On peut comprendre pourquoi les dirigeants du pays, la classe politique, les autorités et les médias se soient gardés de donner des leçons en respectant le sacro-saint droit à la liberté de culte. On a appris ce jeudi fatidique à Mare-Longue que la technologie impose souvent ses propres règles.
Le Premier ministre a bien fait d’annuler son voyage à l’étranger. Il a saisi la gravité de la situation. Il est plus que jamais temps que le gouvernement engage des consultations avec toutes les parties concernées, y compris les forces de l’Opposition, pour dégager le plus large consensus possible et règlementer une fois pour toutes les normes à respecter pour la confection des kanwars et chariots. Les jeunes ont introduit une dimension de gaieté populaire à la profondeur spirituelle de Maha Shivaratree. Il faudrait encourager leur sens de créativité et d’innovation mais dans des paramètres nouveaux, qui respectent les contraintes techniques imposées sur la voie publique.
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