Publicité

Merci Rashid Ahmine (II)

28 février 2023, 11:01

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Me Rashid Ahmine était attendu au tournant. Il n’a pas failli à sa réputation et a réussi son premier véritable test d’impartialité comme DPP auprès de l’opinion (en refusant de faire appel contre la libération conditionnelle fort astreignante de l’activiste Bruneau Laurette). Et en faisant prévaloir, «après mûre réflexion», le bon sens, le bureau du DPP a confirmé son rôle comme un rempart face à l’État policier qui pourrait abuser des charges provisoires.

Ce qui représente un sursaut d’espoir dans un pays où nombre d’institutions, ultra politisées, sont sclérosées.

L’express avait déjà salué le travail remarquable de Rashid Ahmine en janvier 2016 dans le sillage des plaidoiries de l’affaire MedPoint. Alors Senior Assistant DPP, soit le no 3 du Parquet, il n’avait pas raté son réquisitoire face à une star du barreau britannique, Me Clare Montgomery.Il n’avait pas été comme ces hauts fonctionnaires qui trop souvent agissent comme des «puppets» devant Premier ministre ou ministres. Surtout, on avait relevé le fait que Rashid Ahmine ne recherche aucune gloire personnelle et place son travail dans un cadre strictement professionnel, où la séparation des pouvoirs demeure un principe sacro-saint.

Aujourd’hui, plus que jamais, en raison de l’autocratisation en cours, le sensde l’État, le patriotisme, la rigueur et l’éthique personnelle de Rashid Ahmine demeurent des atouts pour le pays.

Mais il faut le protéger contre ses détracteurs qui seront encore plus nombreux et embusqués. Déjà, depuis quelques jours, sur la toile, la plateforme Sun TV News a commencé à le diffamer, alléguant qu’on l’aurait payé pour qu’il ne bloque pas la libération sous caution de Laurette. À la suite de la déposition y relative du DPP, la police devrait interpeller ces calomniateurs avec la même célérité qu’elle le fait quand ce sont des ministres qui appellent les Casernes centrales à la rescousse. Comme le DPP, la police doit s’efforcer de se montrer indépendante et, surtout, éviter d’aller arrêter le DPP un matin, comme elle l’avait fait dans le cas de Me Satyajit Boolell (affaire Sun Tan)…

***

Quelques mots sur Bruneau Laurette. Ayant perdu des kilos et des muscles, il sort, cependant, plus fort après les 115 jours passés en détention. Le régime a essayé de le casser, mais il l’a surtout rendu plus fort parmi ses sympathisants et au sein du public, dont plusieurs ont cotisé pour ses cautions exorbitantes. Après sa terrible épreuve, il doit laisser de côté l’émotion, retrouver ses repères, avant de reprendre sa lutte citoyenne et politique. Hors de Melrose, Laurette sera une épine de taille dans le pied de la Special Striking Team et du gouvernement.