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Comment sortir Maurice du Top 10 ?
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Comment sortir Maurice du Top 10 ?
Depuis trois ans, les Suédois de VDem tirent la sonnette d’alarme sur le triste cas mauricien. Notre pays n’est plus perçu comme une «full democracy». Au contraire, nous sommes classés parmi les plus rapides autocratisers. Sommes-nous, à ce point, aveugles ou antipatriotes pour ne pas voir ce que des organisations internationales – sans agenda insulaire – mettent en relief ? Ou sommes-nous des éternels insatisfaits à la recherche d’un impossible système de gouvernance qui garantirait une utopique égalité des chances à tout un chacun ? Sommes-nous des ingrats qui ne reconnaissons pas la valeur de nos politiciens et/ou de nos partis politiques ?
Il y a 4-5 ans, Maurice se classait parmi les démocraties que l’Afrique pouvait prendre en exemple, en raison de notre cohabitation pacifique et de notre PIB qui reposait sur une courbe ascendante. Mais sous le vernis, le pays morcelé par des forces occultes craquait. Certes, on pouvait encore cocher les bonnes cases sans pour autant répondre aux questions soulevées – en d’autres mots, les questions et les (minces) possibilités de réponse étaient rédigées de telle sorte qu’on pouvait facilement passer à côté de la plaque. Par exemple, pour la question 2 de la section Electoral Process and Pluralism d’un sondage qui se lisait, «Are elections for the national legislature and head of government fair?», on n’avait que trois choix, «no major irregularities» – 1 point ; ou «no significant irregularities» – 0,5 point ; ou encore «major irregularities (intimidation, fraud)» – 0 point. Il y avait en tout 60 questions – toutes avec des options de réponse limitées et strictement quantitatives. Et c’est là le problème principal : on s’est assis sur nos lauriers et on se croyait à l’abri d’un renversement de situation. Aujourd’hui, alors que nous célébrons nos 55 ans d’indépendance, face au reflet que nous renvoie VDem, Reporters Sans Frontières et…l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (IDEA, une organisation internationale regroupant 34 États, dont Maurice), nous n’avons pas d’autre choix que de reprendre notre destin en main, si on veut sortir du groupe des Top 10 Autocratisers. Il n’y a pas 10 000 solutions : il faut regrouper tous les démocrates du pays pour venir à bout de «la mafia» (pour reprendre le terme de Pravind Jugnauth) qui contrôle nos institutions de manière autocratique.
Plusieurs études en sciences sociales le démontrent clairement : la recherche quantitative génère des données numériques ou des informations qui peuvent être converties en chiffres, alors que la recherche qualitative, de nature plus exploratoire, permet de saisir les nuances entre le bon et le moins bon. Encore heureux que dans les indices internationaux, on ne parle pas de la caste nécessaire pour accéder au poste suprême, encore moins des liens de parenté de ceux qui ont investi les partis politiques. On ne parle pas des «papa-piti deals» (au pluriel) et les miettes que l’on jette aux cousins, neveux, tantes, petits mignons et petites mignonnes. On ne parle pas de la MBC qui conserve le monopole des ondes télé, de l’IBA ou de l’ICTA… On ne parle pas d’un commissaire de police devenu un pantin entre les mains de l’exécutif, ni du piétinement de la séparation des pouvoirs ; bref de toutes ces choses, petites et grandes, qui portent atteinte quotidiennement à notre démocratie – qui se déconstruit et qui ne tient qu’à un fil, selon les Suédois de VDem…
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