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C’est donc ça la descente aux enfers ?
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C’est donc ça la descente aux enfers ?
Le commissaire de police (CP) pouvait faire appel du jugement accordant la liberté conditionnelle à Bruneau Laurette en utilisant l’article 4(4) a de la Bail Act de 1999. Il avait sept jours pour le faire et il ne l’a pas fait. Il a, par contre, trouvé du temps pour émettre le communiqué dit du «evil precedent». Il explique qu’il n’a pas trouvé le temps en raison des pluies torrentielles et des inondations de lundi. On concède volontiers que les fortes pluies sont «inattendues» (même si on les annonce pour fermer les écoles !), mais est-ce que le CP n’a pas au moins un adjoint qui aurait pu le remplacer sur ces «urgences» pour qu’il puisse respecter le délai de sept jours ?
Il vient maintenant demander à la Cour suprême un délai supplémentaire et laisse transpirer ses arguments principaux pour s’opposer tant au jugement (la police, dit-il, n’a pas les moyens de surveiller les appels téléphoniques, ni de surveiller si Laurette s’approche à moins de 500 mètres des plages du pays) qu’à la décision du DPP de ne pas s’opposer au ruling de la magistrate (en insistant que le DPP aurait dû l’avoir consulté d’abord). Mercredi, nouvel affidavit demandant à la Cour suprême de «set aside and quash» le ruling du tribunal de Moka. La Cour suprême, garante de la Constitution, assumera son rôle et ses responsabilités.
La priorité, me semble-t-il pourtant, n’est pas dans ces débats, pour cruciaux qu’ils soient, mais dans l’enquête elle-même, qui a déjà pris quatre mois et qui n’est toujours pas bouclée, ni du côté des images vidéos à partager, ni du côté du Forensic Science Laboratory, ni du côté des «secrets» du cellulaire de Laurette, ceci sur une toile de fond de «planting» qui a été au moins démontré dans d’autres cas et qui jette sérieusement le doute sur tous les landings de la police…
Sur cette question de «planting», on ne peut pas dire que la confiance règne ces jours-ci chez ceux qui ont encore la parole libre ou l’esprit indépendant ! Qu’est-ce que je fais, par exemple, personnellement, si l’on retrouve un petit paquet de gandia bien emballé chez moi dans la varangue ouverte, ou dans le tohu-bohu de la remise, lors d’une descente des lieux très fraternelle de je-ne-sais-combien de policiers, provenant de je-ne-sais-quel-team de la police ? Je serais accusé comme trafiquant et ferais l’objet d’une charge provisoire et maigrirait derrière les barreaux comme Laurette ? N’en ressortant, peut-être, qu’au prix de ne plus pouvoir accompagner mon petit-fils à la plage ? Je devrais encore investir dans des caméras qu’un visiteur malintentionné ne pourra pas court-circuiter ou éteindre et qui enverra des images directement au cloud ?
Plus vite le cas ira en cour (comme tant d’autres), plus vite on sera fixé sur la solidité du dossier de la police «beyond reasonable doubt». Pendant ce temps-là, la priorité de Laurette doit être, comme déjà argué ici même, de ne désavouer, ni la magistrate, ni le DPP et de démontrer ainsi l’inutilité de la démarche du CP.
Nous vivons des jours extrêmement dangereux pour notre démocratie. Le PM parlait même d’infiltration de la mafia dans plusieurs de nos institutions il y a un peu plus d’une semaine. Mais il parle de mafia, en fait, depuis 2017 (*) et il est devenu clair depuis, qu’il ne parlait pas apparemment de vraie mafia, mais de ceux qui prennent des décisions en toute indépendance et pas nécessairement en accord parfait avec ce que désire le gouvernement…
Il parlait en fait de la «mafia» des indépendants d’esprits, c.-à-d. de ceux qui ne sont pas encore sous contrôle et qui loin de se conduire comme des caniches en laisse qui obéissent à la Pavlov, réfléchissent et agissent en leur âme et conscience ! Voyez le résultat ! L’avocat principal de Bruneau Laurette, Me Shakeel Mohamed, qui n’a pourtant pas froid aux yeux en circonstances normales, dit maintenant avoir peur de rester à Maurice après que, par grande coïncidence, on l’a convoqué aux Casernes centrales pour quatre heures d’interrogatoire sur un de ses clients qui désire désormais plaider non coupable. C’est dire !
Ça arrangerait sans doute nos princes que les hommes encore libres ferment leur gueule, comptent leurs bénédictions (et leur argent…) et que leurs opinions soient toutes visées «plus haut» pour ne pas déplaire. Le ministre des Finances ne prenait-il pas d’ailleurs la mouche face aux préconisations, pourtant lissées, du dernier MCB Focus, au point de susciter des menaces fiscales sur les gros salaires et les gros profits ! Pourquoi tant de nervositéquand on se prétend démocrate, ouvert aux opinions libres des autres ?
«Notre petit frère seychellois représente désormais la seule démocratie libérale de l’afrique ! Il est 35e au tableau mondial de la démocratie de V-Dem et nous sommes désormais… 85e»
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L’air est vicié. L’eau du puits empoisonné. Et on glisse, et on glisse, les Suédois de V-Dem déclarant même dans leur rapport de 2023 que notre démocratie est dorénavant en «steep decline», que nous faisons, de plus, partie des «top autocrizers» et que «democracy only hangs by a thread !». D’une démocratie libérale de référence, il y a dix ans, nous avons plongé pour être seulement, tout juste, une démocratie électorale, à cinq rangs de quitter la liste de la meilleure moitié mondiale, ce qui ne rassure point, vu que (p. 23), VDem assure que 80 % des démocraties qui s’autocratisent finissent par s’écrouler…
Tiens ! La mafia s’est-elle aussi implantée jusqu’en Suède ?
Notre petit frère seychellois représente désormais la seule démocratie libérale de l’Afrique ! Il est 35e au tableau mondial de la démocratie de V-Dem et nous sommes désormais… 85e . Les Maldives (72e ) et Madagascar(108e ) ont fait des progrès démocratiques alors que l’on s’enfonce ici, de plus en plus, ayant été une démocratie libérale entre 1984 et 2014 seulement (p. 41).
Ça va sûrement faire déraper nombre de nos ambitions… Membre de l’OCDE, vous croyez ?
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Dans ce fabuleux pays qu’est la Thaïlande et que V Dem qualifie d’autocratie enracinée, un jeune de 26 ans a été, lundi, condamné à deux ans de prison ferme pour avoir vendu des calendriers en 2021, illustré avec des petits canards jaunes en plastique qui, selon la loi de lèse-majesté du pays, se moquaient du roi !
Par ailleurs, 233 citoyens ont été envoyés en prison pour avoir critiqué ou démonétisé le roi ; et deux jeunes activistes féminines qui militent pour l’abrogation de cette loi sont au bord de l’épuisement, après six semaines de grève de la faim.
Gageons, si nous n’inversons pas les tendances ici, que le mot «Pinocchio», par exemple, pourrait devenir aussi toxique qu’un petit canard jaune ?
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La semaine dernière, cette rubrique signalait le recul du pourcentage d’énergie renouvelable dans la production électrique nationale, de 22,3 % en 2020 à 17,4 % en 2022. On aspire pourtant à 35% en 2025 et 60 % en 2030 !
Un ami, engagé fermement contre le réchauffement de la planète, m’expliquait son parcours du combattant pour produire sa part d’énergie renouvelable. Sa demande date de 2021. Puis silence jusqu’à un avis de presse invitant à signer un connection agreement (CA) avant la fin de mars 2022. Il signe le 30 mars 2022, in extremis. Puis c’est de nouveau le silence.
Le 27 février 2023, il reçoit une lettre datée du 10 février, contenant le CA qui, dûment daté du… 30 mars 2022, est signé le… 20 janvier 2023 ! Parmi les conditions, se trouve l’obligation de soumettre au CEB une preuve d’achat de matériel photovoltaïque dans les trois mois suivant la date du CA, c.-à-d. avant… le 30 juin 2022 !
De plus, il faut que l’installation soit complétée dans les six mois après la date du CA… soit avant le 30 septembre 2022, faute de quoi, le CA meure de sa belle mort… !
On comprend tout ! Ou presque… puisqu’il faut y rajouter le fait que des six voitures achetées par le PMO par appel d’offres en février dernier (**), aucune n’est… électrique.
Ce qui est logique dans un sens, puisque l’électricité est produite par… de moins en moins de renouvelable depuis 2020 ! Quelle cohérence dans la folie !
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Question stupide ?
Quand nos partis politiques – qui, contrairement aux autres organisations, n’ont PAS l’obligation de publier leurs comptes audités – reçoivent de l’argent sous les nouvelles dispositions de la FSC, c.-à-d. celles qui ont réussi à nous retirer de la liste grise du GAFI ; fait-on un KYC d’abord et accepte-t-on encore du cash ?
(*) https://defimedia.info/pravind-jugnauthla-mafia-de-la-drogue-infiltre-nos-institutions (*)https://lexpress.mu/video/314486/pravindjugnauth-mafia-drogue-sest-infiltree-dansplusieurs-spheres
(*)https://ionnews.mu/video-pravindjugnauth-la-mafia-de-la-drogue-a-les-moyensde-destabiliser-le-gouvernement-150318/ (*)https://www.r1.mu/actu/politique/je-faisface-a-une-puissante-mafia-se-plaint-pravindjugnauth-p849224 (**)https://lexpress.mu/node/419407
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