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Fête nationale ou malaise général ?

13 mars 2023, 07:00

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Une ambiance de déclin généralisé ! À la place de célébrations joyeuses marquant les 55 ans d’Indépendance de notre pays ce dimanche 12 mars, le mood collectif est plutôt terne ! Il est un peu à l’image de notre météo qui dicte ses lois, en nous plongeant chaque soir dans une incertitude du lendemain !

Alors même que nous fêtons un bel âge d’anniversaire de notre île, le cœur n’est pas aux réjouissances tant le sentiment de malaise s’étend sur plusieurs plans ! Que dire de la politique quand le Premier ministre, censé donner l’exemple, ne fait que nous choquer avec ses commentaires indignes d’un chef !

Cette fois, c’est profitant d’une plateforme publique à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes qu’il a confirmé une nouvelle fois son non-respect de la séparation des pouvoirs, se permettant de critiquer – sans le nommer – le judiciaire avec (une nouvelle fois) dans sa ligne de mire le bureau du DPP : «Certaines personnes dans certaines institutions prennent des décisions qui, au contraire, aident et favorisent les trafiquants de drogue. Ces décisions sont beaucoup ‘‘plus pire qu’un Evil Precedent…”» Qui dira à Jugnauth qu'il blesse notre démocratie en continuant à s’en prendre ainsi au judiciaire, un rempart indépendant sur lequel son acharnement vire à l’obsession ?

Peut-on ensuite empêcher certains esprits de voir la démarche du Commissaire de police comme une exécution d’ordre venant d’en haut ?

Après son condamnable communiqué d'il y a quelques jours, le commissaire Dip s’est, cette fois, saisi de l’arsenal légal pour contester la libération de Bruneau Laurette.

Si dans un premier temps, il avait jugé utile de demander une extension de délai – qu’il avait dépassé –, avançant comme argument surprenant, sinon ridicule, les grosses pluies, il est revenu 48 heures plus tard avec un autre affidavit pour réclamer, cette fois, l’annulation de la libération de Laurette ! Doit-on souligner l’incroyable coïncidence du choix de ses représentants légaux, soit l’avouée personnelle du Premier ministre (Shamila Sohah Ori) et l’ex-Attorney General Ravi Yerrigadoo ?

Pas étonnant que le dernier rapport de 2023 de V-dem affirme que la démocratie à Maurice ne semble tenir qu’à un fil. Et ce, alors même que nous nous retrouvons dans le Top 10 des pays en route vers l’autocratisation ! Ça choque quelqu’un au MSM ?

Pendant que le gouvernement nous renvoie une image pourrie de notre système, l’opposition officielle (MMM-PTr-PMSD) représentante de l’alternative n’arrive pas non plus à créer l’espoir d’un meilleur pays ! Incapacité à s’unir, guéguerre infinie sur le poste du candidat premierministériel, cassure au sein de la plateforme et impossibilité à se renouveler en termes de leadership, de ressources humaines et d’idées ! Ainsi se présente une opposition dont l’ambition semble se résumer à déboulonner Jugnauth et sa garde, prendre la place des dirigeants actuels et perpétuer le même système auquel tous les politiques nous ont habitués à chaque alternance.

Le leader du PTr aura beau nous marteler son envie de rupture, en promettant un changement (sur les ondes de Radio Plus vendredi dernier), ses mots ne sont pour l’heure que des promesses creuses, tant l'homme et ses pairs sont connus pour leur arrogance et leurs travers dès qu’ils sont au pouvoir !

Certes, il faut compter avec la flopée de nouveaux partis, ces voix  qui souvent sont porteuses de visions originales. Encore faut-il que le système hermétique qui n’arrange que les partis traditionnels leur permette de se faire entendre et éventuellement élire !

Pourtant, plus que jamais, à l’heure de nos 55 ans d’Indépendance et de nos 31 ans de République, nous avons besoin de sang neuf, de regard moderne, d’intelligence créative, pour une nouvelle direction ! Que ce soit sur le plan politique, économique (la mauvaise pente empruntée semble dangereuse), voire sociétal, où là encore le pays semble méconnaissable ! Qui n’est pas choqué de découvrir l’immense toile tissée par des privilégiés mafieux que l’ICAC ne semble découvrir que maintenant ? Cette stupéfiante saga de prête-noms, tous ces biens saisis chaque jour, allant des voitures de luxe aux bateaux, en passant par de riches propriétés, sans compter l’utilisation de terrain à bail appartenant à l’État, scandalisent et révoltent une grande majorité de Mauriciens, travailleurs, honnêtes et patriotes ! Quand l’on pense que toute occupation illégale de squatters entraîne l’arrivée des bulldozers et des policiers prompts à la démolition de quelques feuilles de tôles, peut-on ne pas être indignés ?

Le plan sociétal nous donne aussi des raisons de nous inquiéter au regard de l’épisode regrettable et inacceptable qui s’est tenu au collège Royal de Curepipe. Un exemple qui illustre les préjugés enracinés, alors que les réactions qui ont suivi – qu’elles soient modérées ou extrémistes, à tort ou à raison – prouvent la fragilité de nos liens communautaires et fraternels !

55 ans d’Indépendance, 31 ans de République et le déclin est généralisé !