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Nous sommes tous du parti de l’avenir
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Nous sommes tous du parti de l’avenir
Le pré-primaire gratuit, soit une mesure budgétaire annoncée avant le Budget. Des consultations précoces avec les partenaires sociaux. Des rencontres à la faveur de la nuit avec des chefs religieux, des socioculturels. Des agents qui réactivent les branches. Un Parlement qui va s’ouvrir. Des municipales qu’on veut à tout prix éviter, quitte à dégringoler davantage aux yeux des Democracy Scholars comme ceux de VDem.
Attaques, contre-attaques, feux, contrefeux, davantage feu de paille que feu de brousse, mais terre brûlée quand même, fracturée, nation fissurée. Les coups bas et les attaques personnelles, souvent sous la ceinture, contre les adversaires, l’utilisation de la police pour intimider les journalistes, et l’inflation des mesures populistes ont pris le pas sur la bataille des idées, susceptibles de peser sur l’orientation stratégique du pays.
Ce n’est pas la peine de relire les anciens manifestes électoraux des uns et des autres partis traditionnels. Depuis l’Indépendance, notre journal souligne l’absence d’un plan sérieux – pas un de ces programmes visant à faire élire «en bloc» des candidats ethniques savamment alignés par les chefs de parti (et puis l’on s’étonne qu’ils ont peur du «coupé-tranché» pouvant rompre l’équilibre de LEURS quotas «communalistes»). L’immobilisme qui frappe les chefs de parti – qui ont le culot de marmonner le mot «rupture» – est leur problème existentiel. Cela ne devrait pas être le nôtre pour autant !
Libre aux leaders-fossoyeurs de creuser leur tombe politique. Ils vont bien finir par devoir partir un jour selon les lois biologiques, si celles des hommes et des femmes n’évoluent guère et ne peuvent se retourner contre eux. Ce qu’il nous faut savoir si, encore une fois, c’est par sentimentalité que nous irons voter lors des prochaines législatives ? Allons-nous les suivre dans le gouffre ?
À entendre les Mauriciens de la diaspora qui vivent d’autres réalités et qui regrettent de ne pouvoir voter, on serait incapable de renouveler notre classe politique parce que nous sommes tous imbriqués dans le système, d’une manière ou d’une autre. Incapables nous-mêmes de provoquer cette rupture que nous réclamons… La diaspora n’a pas tort de se montrer si critique, voire condescendante, surtout quand l’on constate la piètre qualité de bien des candidats qui sont ou qui ambitionnent d’aller au Parlement. Ont-ils seulement l’honnêteté et l’imagination d’appartenir à notre époque ?
Une aubaine ! Les indécis, aujourd’hui majoritaires et silencieux, soit plus d’un tiers de l’électorat, peuvent décider d’un départ neuf pour nous. Ce serait un camouflet à tous ceux qui ont été incapables de nous débarrasser de nos boulets ethniques, qui nous retiennent en arrière, attachés, plombés. Maurice, sur le plan de la représentativité féminine, n’est-il pas un pays arriéré à cause de ses politiciens arriérés qui défendent leur pré carré uniquement ?
Fait rare : nous sommes arrivés à un tournant, ou à la croisée des chemins. Nous nous plaignons souvent de notre classe politique. Nous pouvons agir. Rien ne nous oblige à suivre aveuglément le chemin dessiné par X, Y ou Z. Nous pouvons obliger les partis politiques à se réinventer en les sanctionnant lourdement – et en choisissant la compétence citoyenne sur l’opportunisme politicien. Un virage qui pourrait alors devenir une bascule. C’est une opportunité, pour nous tous, de cesser de nous donner des ennemis, mais de nous organiser avec des citoyens éclairés en fonction des besoins de toute la nation. Puisque dans le gouvernement et dans l’opposition, la démagogie est devenue LA solution de facilité face aux enjeux complexes et préoccupants.
Ce n’est pas aujourd’hui que l’express appelle à une évolution de nos moeurs politiques. Ailleurs, cette évolution de l’action politique conduit à l’alternance des gouvernements, dans les démocraties occidentales où deux principaux blocs ou plus s’affrontent. C’est, en effet, le mouvement du balancier contre lequel les partis n’y peuvent rien, car ils doivent subir ce changement de perspective politique, faute d’avoir pu prévoir ou incarner ce changement eux-mêmes.
Depuis 1963, année de notre création, l’express réclame des partis nationaux dont les bases ne seraient plus tributaires du découpage ethnique de notre nation. Ce n’est qu’alors que chaque parti national pourrait, sans avoir à quémander le «vote bloc», aspirer à une stable majorité pour diriger, prévoir, planifier, gérer et administrer au lieu de régner comme des regroupements mafieux qui se tirent dessus en permanence.
Avant-hier, c’était Brousse, Beesoo et Surat ; hier, Azor ou le trio Joomun-Bheeky-Moorad. Demain, cela pourrait être n’importe lequel d’entre nous, de nos soeurs, de nos enfants, mettait en garde l’éditorial de l’express en date du 13 mai 1965, qui concluait par ce rappel patriotique – qui reste d’actualité, peut-être même plus que jamais :
«Sur le plan politique, quel que soit notre parti, nous sommes tous du parti de l’avenir.
«Sur le plan économique, nous avons besoin les uns des autres : notre Marché commun mauricien ne peut vivre et nous faire vivre qu’au prix de notre travail en commun.
«Sur le plan racial, nous tendons vers une intégration culturelle et une interdépendance émotive et intellectuelle.»
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