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Après Sus Island, voici Raptor Island
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Après Sus Island, voici Raptor Island
Coïncidence. Lors d’une récente journée de courses de chevaux en Afrique du Sud, le jockey Denis Schwarz a piloté tour à tour le coursier Raptor Island puis le hongre bai brun...Franklin !
À Maurice, le démantèlement tardif mais bienvenu de l’empire Franklin remplit le QG de l’ICAC de 4X4 de la désormais notoire marque Ford Raptor. Au moins six de ces imposants bolides ont été saisis jusqu’ici. Le concessionnaire de la marque pourrait envoyer ses clients dans la cour de l’ICAC s’il n’a plus de modèle en stock. En attendant la conclusion de ces enquêtes de blanchiment d’argent relatives au réseau Franklin, dont on n’a vu qu’une partie du bloc de glaçon, ne pourrionsnous pas mettre ces véhicules au service de la communauté ? Dans les hôpitaux pour transporter les malades ou les blessés ? Dans les police stations, où l’état des véhicules est souvent autant pitoyable que le poste de police lui-même ! Si l’ICAC devait continuer son money trail, ce ne sera plus une fishing expedition, qu’on étalera dans la presse, mais une vaste exposition ; la cour de la commission anti-corruption deviendra un immense showroom à ciel ouvert pour voitures toutes occasions. Il y a aussi des motos et des bateaux. Et une tractopelle.
Mais derrière ces saisies blingbling, se nichent les tares et dysfonctionnements de notre Raptor Island. Dites-moi pourquoi l’ADSU et Jagai n’ont pas encore démarré la véritable enquête – soit sur le trafic de drogue lui-même –, dont les éléments sont déjà consignés à La Réunion ? Sans trafic de drogue lucratif pas de Raptor, non ?
Questions pour les amoureux de belles voitures rutilantes. N’y a-t-il personne parmi ceux qui vendent de telles voitures qui s’est interrogé sur ces ventes tous azimuts à hauteur d’une cinquantaine de millions ? Comment paie-t-on pour de telles mécaniques ? À travers une banque, un système de leasing ? N’y a-t-il pas de due diligence à ce niveau là ? Dans une tente bazar en raphia ? On parle ici du privé ! Ces voitures qui roulaient (souvent à vive allure) sur nos routes n’ont-elles jamais éveillé la curiosité de la police secrète ? Les agents du NSS regardent-ils seulement du côté des politiciens de l’opposition et des journalistes ? Que faisait la Financial Intelligence Unit ? Soigner son image dans la presse ou geler des comptes qu’il ne fallait pas, comme ceux des fonds libyens qui ont eu une dérogation des Nations unies ? Que fait la Banque de Maurice au niveau des transactions bancaires louches ? Que fait la Financial Services Commission ? Le ministère des Services financiers ? Que fait l’Integrity Reporting Services Agency dans le cas de Franklin ? Et la Mauritius Revenue Authority ? Et l’ICAC ne tente-t-elle pas de dévier l’attention en exposant les petits joujoux des prête-noms, sans pouvoir remonter un peu plus haut ?
Si toutes ces institutions ont fermé les yeux sur Franklin, il devient évident que celui-ci était non seulement protégé, mais qu’il travaillait lui-même pour quelqu’un d’autre, qui ne roule pas en Ford Raptor. D’autant que Franklin a avoué qu’il ne sait ni lire, ni écrire ; alors comment a-t-il réalisé ces complexes montages financiers ? Si on ne répond pas aux questions qui sautent aux yeux, c’est que nous avons peur de la vérité. Et que nous ne sommes devenus que des spectateurs apeurés d’une mafia qui a transformé notre pays et ses institutions en RAPTOR Island. Pas du nom d’un moteur-fusée de SpaceX, conçu pour l’exploration et la colonisation de la planète Mars, mais par rapport à l’étymologie du mot : en plus d’être véloce, qui s’entend au sens de voleur (rapt !) mais aussi au sens de chasseur (d’où le besoin d’avoir une chasse) et de prédateur de l’avenir de nos enfants !
Et dire qu’un avoué s’est enrichi en rédigeant la plainte de Franklin contre l’express pour une réclamation de Rs 25 millions ! Le monde à l’envers...
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