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À quand un ordre général ?

2 avril 2023, 11:21

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Le dysfonctionnement est continuel ! L’illogisme prend le pas sur le bon sens ! La première séance de l’Assemblée nationale est un exemple lamentable de ce que nous vivrons pendant cette session parlementaire. Alors que le rôle de nos élus est de répondre aux questions, d’éclairer les citoyens, de rendre des comptes, des tactiques sont utilisées pour permettre à la majorité, essentiellement au Premier ministre, de s’abriter derrière de longs monologues afin de gagner du temps pour ne pas répondre aux interrogations d’intérêts publics. Une arme utilisée pour faire oublier les différents tentacules de cette affaire Franklin qui éclate aujourd’hui à la figure du gouvernement MSM, au travers des soupçons sur un ministre et un PPS dont les noms sont cités devant l’ICAC !

C’est ainsi qu’interrogé sur l’infiltration de la mafia dans nos institutions (qu’il avait lui-même évoquée), Jugnauth a jugé utile d’entrer dans des détails inutiles (commission sur la drogue, rapport Parry, liste de mesures prises par son gouvernement, etc.), alors que la préoccupation citoyenne était le flou et le retard (délibéré ?) de la collaboration de Maurice avec La Réunion sur la question de l’extradition !

Et quand, piqué au vif par une opposition – mal inspirée – brandissant des photos de lui en compagnie de personnes arrêtées sur toile de fond de trafic de drogue, le Premier ministre, au lieu de se comporter comme un chef responsable, digne, adopte une attitude mesquine. Il réplique en brandissant lui aussi une photo de l’ex-candidate du MMM, Jasmine Toulouse (dont la vive réaction ne s’est pas fait attendre) en compagnie de Franklin  !

Doit-on souligner que c’est Ganoo, ancien du MMM, qui a fourni la photo de Toulouse à Pravind Jugnauth ? Un geste qui en dit beaucoup sur lui, une attitude s’apparentant à du «lèche-bottisme» de la part d’un Senior Minister réduit à ce genre de basse manœuvre. Mais cette manière de faire démontre également une piètre stratégie du chef du gouvernement, qui n’hésite pas à profiter de l’immunité parlementaire pour exposer vulgairement des personnes !

Cela dit, il n’y a pas que le Parlement qui a fait preuve de dérèglement cette semaine. Les charges rayées contre Akil Bissessur nous donnent une idée du niveau atteint par la force policière ou plutôt par l’équipe spéciale censée traquer les trafiquants de drogue et qui, au final, est incapable de produire les preuves en cour, laissant une impression d’acharnement contre les adversaires politiques du pouvoir !

Quand la magistrate Vidya Mungroo-Juggurnauth fait ressortir que la façon de faire de la police «raises doubt about the fairness and impartiality»,  quand elle évoque le «failure» de la police qui est «incomprehensible» et «unreasonable», on ne peut que se remémorer tout le film auquel nous avons assisté avec ces arrestations intempestives d’Akil Bissessur et de sa compagne. Sans oublier les commentaires du Premier ministre qui avait déjà condamné l’avocat («li ti lor nou radar»), tandis que des mains lâches qui avaient eu accès au téléphone de Bissessur pendant qu’il était en détention, avaient circulé publiquement les vidéos privées de son couple ! Ceux qui sont coupables de cet acte abject n’ont-ils toujours pas honte de ces  viles attaques ou ces comportements font-ils partie de leur «scheme of duty» pour plaire aux Seigneurs du jour ?

Serait-ce également pour faire plaisir aux dirigeants du jour que les biens de Sherry Singh sont aujourd’hui gelés ? La question relève d’une simplicité : pour quelles raisons, l’ancien CEO de Mauritius Telecom n’a jamais été inquiété pendant toutes ces années où il mangeait à la même table que les loups du pouvoir ? Est-ce que les suspicions sur ses avoirs surgissent soudainement au moment même où il décide de fonder un parti politique ? Sommes-nous arrivés au point où les institutions sont utilisées sans vergogne par vengeance politique ?

La coïncidence veut que c’est dans cette même semaine que le rapport de l’audit a été rendu public ! On pourrait être tenté de banaliser cet exercice, tant chaque année, les critiques sont unanimes face aux incroyables largesses, sans que les coupables ne soient jamais punis ! Or,  il nous faut garder notre capacité de nous indigner parce que ce rapport n’est pas anodin. Et tout ce gaspillage de l’argent des contribuables est une insulte aux citoyens qui se battent chaque fin de mois pour s’acquitter de leurs dettes, tout en faisant manger leur famille, alors que la rapidité avec laquelle les prix des denrées alimentaires et des produits de base prennent l’ascenseur provoque une angoisse permanente ! Comment alors ne pas être en colère quand on découvre une fois de plus cette dilapidation des fonds publics ? Le dysfonctionnement est continuel ! À quand un ordre général ?