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Après Yerrigadoo, Gobin !
Pratiquement six ans après l’affaire Yerrigadoo, son successeur comme ministre (MSM) de la Justice se retrouve au coeur d’un scandale politique aux ramifications mafieuses. Si malgré les larmes versées et sa proximité avec les Jugnauth, Ravi Yerrigadoo a dû démissionner en septembre 2017 dans le sillage de l’affaire Bet365, révélée par l’express, le sort de Maneesh Gobin est encore incertain.
Avec l’affaire Franklin, la liste de scandales gouvernementaux ne cesse de s’allonger. Pire, les affaires prennent une autre magnitude. Si hier, le bureau de l’Attorney General avait émis une lettre qui faisait office de laisser passer pour un «self confessed swindler» (le désormais notoire Rahim), aujourd’hui on parle de trafic de drogue inter-îles, protection de l’État accordée à un trafiquant et blanchiment d’argent sur une échelle jamais vue auparavant. Et bien sûr, détournement des terrains de l’État pour organiser des activités louches à Grand-Bassin, où normalement les politiques font leur tam-tam médiatique en évoquant le dieu Shiva.
À l’époque, on écrivait qu’une analyse sommaire du dossier à charge contre l’ancien ministre de la Justice portait à croire que ce qui était reproché à Ravi Yerrigadoo semblait encore plus grave que l’affaire «Bal kouler», qui avait coulé Raj Dayal, et l’Euroloan de Vishnu Lutchmeenaraidoo, qui avait démonétisé l’ancien ministre des Finances. Ces deux affaires avaient éclaté en avril 2016. Si Dayal, arrêté par l’ICAC, avait eu à démissionner, en revanche, Lutchmeenaraidoo avait profité de la brouille entre les Jugnauth et Roshi Bhadain pour conserver, lui, son maroquin ministériel, pour quelques mois encore…
Ce n’était pas à nous mais aux autorités de déterminer si Ravi Yerrigadoo avait utilisé sa position pour violer la loi ou la contourner. Mais de quelles autorités parlions-nous ? L’ICAC de Navin Beekarry ? Ou la police ? On a pourtant versé des éléments de notre enquête aux deux institutions, mais jusqu’ici Ravi Yerrigadoo n’a écopé de rien, hormis de gros contrats comme conseiller juridique, notamment pour du commissaire de police ou à la State Bank.
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Le bureau de l’Attorney General est central et hyper-connecté, d’où l’importance d’y placer des gens d’intégrité totale – d’autant que, comme Ravi Yerrigadoo, le ministre de la Justice peut ne pas être élu par le peuple, mais choisi par un parti politique. Il importe de souligner que «the Attorney General’s Office is the only institution that interacts with the three constitutional powers, namely the Legislature (National Assembly), the Judiciary (Courts) and the Executive (Government/Ministries)».
Au début de la législature Lepep, en 2015, l’opinion avait été choquée de constater que l’Attorney General, utilisant sa résidence personnelle de Quatre-Bornes, avait été accusé de séquestration par des agents étrangers de Dufry pour une sombre histoire de commission. Ravi Yerrigadoo a pu s’en sortir sans trop de casse. Était-ce à cause de la présence, ce soir-là, de Pravind Jugnauth et de Roshi Bhadain ?
Aujourd’hui, le contexte est autre. Face à la colère de la rue et les larmes du cardinal Piat, Pravind Jugnauth ne peut plus rester impassible. À moins que Gobin refuse de s’en aller, parce que précisément Franklin n’a pas arrosé que lui et ses amis, mais des personnes encore plus puissantes…
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