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MSM : 40 ans...
Quand, en 1983, Anerood Jugnauth lance le MSM sur les ruines du premier 60-0 de l’histoire politique, il affirme que son parti est le nouveau MMM avec un programme socialiste. Son ennemi change alors de peau : ce n’est plus Seewoosagur Ramgoolam, encore moins Gaëtan Duval. Il accuse Paul Bérenger d’être un dictateur qui a une soif inégalée pour le poste suprême. Dans la foulée, Harish Boodhoo choisit de dissoudre le PSM et intègre le MSM pour barrer la route au leader du MMM ; le poste de Premier ministre doit, coûte que coûte, rester entre les mains d’un Vaish.
Après la rupture avec le MMM, la position de sir Anerood, encore PM, mais sans le soutien des Mauves, est intenable. Le parfum des élections générales flotte dans l’air. La majorité de SAJ ne tient qu’à un fil. Jayen Cuttaree, témoin de cette période charnière qui a vu la création du MSM, raconte que le député travailliste Michael Glover rencontre SAJ. Glover est porteur d’un message de SSR : les deux députés correctifs du PTr vont soutenir le gouvernement de sir Anerood. Celui-ci contracte alors une alliance avec les Rouges avec cette phrase qui restera : «Between the two evils (NdlR : Bérenger et SSR), I choose Ramgoolam!» Il trouvera aussi un compromis électoral avec le PMSD de Duval.
Pour les élections générales du 21 août 1983, qui vont mettre en selle la dynastie Jugnauth, les dérapages d’ordre communal sont légion. Le concept «enn sel lepep, enn sel nasion» vole en éclats. Les socioculturels règnent dès lors en maîtres et la gouvernance politique repose sur le facteur ethnique. Le MSM s’octroie 35 tickets et en laisse 27 au PTr et au PMSD, incluant les deux élus de Rodrigues. Dev Virahsawmy sur l’autel du MSM naissant mène la charge : «Une victoire électorale du MMM est synonyme de retour de l’esclavage !» L’exemple de Cheddi Jagan est cité ad nauseam.
Le Jugnauth-fondateur du MSM lance cette phrase qui illustre que tout reste possible en politique : «Le Gaëtan Duval de 1983 n’est plus celui de 1967. C’est désormais Bérenger qui est le Duval de 1967.»
Le MSM fera élire, en 1983, 28 de ses 35 candidats, le PTr obtient neuf sièges sur 13, et le PMSD deux sur huit.
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Quarante plus tard, le MSM reste au pouvoir et le parfum des élections est tenace. Le MMM et le PMSD ont lié leur avenir à celui du PTr. Pravind Jugnauth tente difficilement de colmater les brèches de son parti quadragénaire. Le cardinal Piat a infligé une gifle sonore au gouvernement, en reprenant les critiques souvent émises par la presse libre et indépendante. La tentative de réveiller les démons communaux est forte, comme en 1995 – quand le gouvernement et l’Église croisaient le fer sur la question épidermique des langues orientales. Steve Obeegadoo, le militant qui a fui la dictature de Bérenger, tente de se repositionner dans le sillage du dernier scandale qui ébranle le MSM : l’affaire «curry cerf» à Grand-Bassin. Le SAJ d’hier aurait déjà «sauté le doigt» à Gobin, Collendavelloo et Obeegadoo – qui tente de surfer sur la colère de Piat pour amplifier sa présence au sein du GM. Contrairement à son père, Pravind Jugnauth a les mains liées par des affairistes de son giron. Raison pour laquelle il ne peut pas trancher dans le vif. Ses ministres le savent fort bien.
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