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Bilan après 40 ans : Arrivée du MSM avec «moralité pa ranpli vant…»
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Bilan après 40 ans : Arrivée du MSM avec «moralité pa ranpli vant…»
Tous les problèmes et les malheurs qui minent le pays en ce moment ont leur origine durant cette tranche de notre histoire qui commence par l’arrivée au pouvoir du Mouvement militant mauricien-Parti socialiste mauricien (MMM-PSM) et la création du Mouvement socialiste militant (MSM). Vérité difficile à admettre pour quelques-uns, mais vérité toujours ! Tout change en 1982 ! Cette année marque un tournant dans l’histoire constitutionnelle, politique et sociale du pays. C’est le grand chambardement ! Ce qui est arrivé à Maurice ne s’est jamais produit dans aucun autre pays au monde. L’impossible est arrivé ! Or, les malheurs n’arrivent pas d’eux-mêmes. Il y a des situations qui favorisent leur apparition, mais il y a aussi des esprits malins qui agissent dans l’ombre, à l’insu des autres pour profiter de leur ignorance.
Aux élections générales du 11 juin 1982, l’alliance MMMPSM obtint 64,16 % des voix, raflant ainsi les 60 sièges de l’Assemblée nationale, et l’Organisation du Peuple de Rodrigues obtient ses deux sièges, comme à l’accoutumée. Mais aucun siège n’est laissé au Parti de l’Alliance nationale (PAN), qui avait obtenu 25,78 % des voix, ni au PMSD qui obtint 7,79 % des voix. Quatre candidats de l’opposition ont été récupérés par le système dit des best losers ou «meilleurs perdants». Bien évidemment, ils étaient totalement inutiles comme opposition, noyés dans le marais mauve !
Constitution amendée
Le lendemain, 12 juin, le leader du MMM, Paul Bérenger, annonce à la MBC/TV que la Constitution sera amendée pour prohiber le renvoi des élections, comme l’avait fait sir Seewoosagur Ramgoolam (SSR). Il se garde cependant de dissimuler son intention de s’emparer des droits et libertés des Mauriciens et les laisser sans défense, à la merci du pouvoir en place ! Le 16 juin, le premier gouvernement MMM-PSM est formé avec Anerood Jugnauth, Premier ministre, Harish Boodhoo, vice-Premier ministre, Paul Bérenger, ministre des Finances. Cet ordre de préséance peut prêter à confusion, comme on le verra plus tard. Selon la constitution du MMM, c’est le parti qui nomme et renvoie le Premier ministre, et par le parti il faut entendre son secrétaire général, c’est-à-dire Bérenger lui-même, le vrai chef du parti, même s’il n’est que le no 3 dans le gouvernement. Pour le MMM, sa constitution passe avant celle du pays, ce qui sera plus tard cause de l’éclatement du parti huit mois plus tard.
Le 17 juin, conférence de presse du Premier ministre, Anerood Jugnauth. Il donne des garanties sur la liberté de la presse et la sécurité d’emploi des fonctionnaires. Lui, non plus, ne parle pas des postes constitutionnels, encore moins de la décision de son gouvernement de renvoyer les fonctionnaires que sont les Permanent Secretaries, et aussi les ambassadeurs du régime sortant ! L’effondrement de notre Constitution de 1968 a effectivement commencé en 1982, avec pour point de départ, l’amendement N° 2/82 de la Constitution de Maurice, le tout premier projet de loi introduit au Parlement, en catimini, par Anerood Jugnauth, Premier ministre du MMM-PSM.
Ce fut un amendement fait de manière malhonnête, car Bérenger et Jugnauth avaient fait croire à tout le monde, à travers les meetings et la presse, qu’il s’agissait tout simplement d’empêcher qu’à l’avenir, un parti soit tenté de renvoyer les élections. En réalité, le renvoi des élections n’était qu’un prétexte, étant tout simplement le bout visible de l’iceberg, car la grosse masse cachée allait tout simplement casser les Articles 47 et 113 de notre Constitution, c’est-à-dire les «entrenched clauses» qui protégeaient les «constitutional posts», des responsables chargés de protéger nos droits et libertés.
Donc, l’infâme amendement de 1982 a permis le vol et le viol des droits fondamentaux et les libertés constitutionnelles des citoyens mauriciens ! Il a été suivi d’autres amendements tout aussi liberticides, aboutissant aujourd’hui à la paralysie de presque toutes nos institutions. Un exemple : alors que la Constitution prescrit un minimum de quatre ans dans la nomination d’un commissaire de police pour lui permettre d’effectuer son travail, en toute indépendance et sous les ordres de personne, la loi est amendée pour que son contrat soit désormais d’une durée maximum de quatre ans, le mettant ainsi à la merci du Premier ministre, qui, pour le contrôler et le manipuler, peut choisir de le nommer pour trois mois seulement !
Le MSM fête en ce moment ses 40 ans d’existence, ce qui donne l’occasion au peuple mauricien de répertorier et faire le bilan de ce parti qui a pourri nos institutions comme la Banque centrale, et rendu la vie extrêmement pénible pour les classes moins fortunées ! Et il y a ceux qui affirment que sir Anerood Jugnauth (SAJ) est le père du miracle économique. Il a, certes, contribué d’une certaine mesure au succès économique de Maurice, mais de là à dire que SAJ est le père de notre indépendance économique ou du miracle économique mauricien est une idée totalement erronée qui fait abstraction à la vision et réalisation économique de SSR.
SAJ n’était pas présent au lendemain de l’Indépendance, quand il fallait trouver un marché pour le sucre mauricien alors sans acheteur, quand les sans-emploi fuyaient le pays et quand le chômage déchirait le pays. Après l’Indépendance, le dos au mur, SSR savait qu’il ne pouvait relever le défi économique tout seul. C’est là qu’il eut l’idée géniale d’aller rencontrer le président français, le général De Gaulle, à Paris en 1969 et les chefs des États malgaches et mauriciens associés réunis à Kinshasa ! De Gaulle et Senghor aidèrent à ouvrir les portes de la Communauté économique européenne, dont le vaste marché allait absorber non seulement toute la production sucrière du pays, mais également tout ce qu’allait produire notre nouvelle zone franche d’exportation.
L’idée de la zone franche conçue dès 1965 par José Poncini (1928-2015) était arrivée trop tôt pour convaincre, mais c’est Edouard Lim Fat (1921-2015), après sa tournée en Extrême Orient, à Kaoshiung et à Porto Rico en 1969, qui proposa l’idée à SSR. Le Parlement vota l’Export Processing Zone Act en décembre 1970 et, dans les semaines qui ont suivi, la zone franche est mise en place, réalisée et financée par les industriels de Hong Kong, venus à l’invitation de SSR. Le pays put enfin respirer, le spectre du chômage et de la famine était écarté. Mais SSR voyait plus loin. Il pense au tourisme comme une nouvelle industrie à développer tout de suite. Il lance Air Mauritius ! Il ouvre le ciel à Air France et la plage au Club Méditerranée, qui vient tout de suite s’implanter à Maurice. Le pays était sauvé.
Base industrielle solide
Anerood Jugnauth a eu la chance d’être arrivé au bon moment. Il a eu la chance d’avoir hérité d’une base industrielle solide mise en place par SSR, des institutions indépendantes, deux dévaluations pour ramener la stabilité de notre balance commerciale et une aide financière généreuse du Fonds monétaire international à partir de 1979-1980, entre autres. Maurice connaîtra un miracle économique aussi grâce aux industriels hongkongais qui, alarmés par les discussions entre Londres et Beijing sur le retour prochain de Hong Kong à la République de Chine, décidèrent de revenir à Maurice qu’ils connaissaient fort bien pour y avoir bénéficié des tax holidays de dix à 15 années sous SSR.
Donc, au-delà de l’illusion du miracle économique attribuée à SAJ, la Constitution fut instrumentalisée pour permettre au gouvernement des 60-0 et ensuite au MSM de lancer une nouvelle culture politique, celle de la persécution des opposants et la fragilisation de nos institutions. SAJ s’est alors mis à proclamer : «Moralité pa ranpli vant», une idée perverse qui a infecté notre corps social du virus de l’amoralité et ainsi il porte lourdement la responsabilité des ravages d’aujourd’hui.
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