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Quelle santé pour tous ?

12 avril 2023, 15:40

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Les doléances qui nous parviennent régulièrement à la rédaction ont souvent trait aux dysfonctionnements de la Santé publique (avec un nombre grandissant d’allégations de négligence médicale ou de trafic de médicaments), à la privatisation des services de santé à travers le pays («vinn guett mwa dan consultation privé»), et aux soins toujours non-disponibles à Maurice, d’où le besoin d’aller à l’étranger pour ceux qui arrivent à mobiliser les fonds nécessaires pour sauver bien des vies, dont beaucoup d’enfants.

Pas plus tard que mercredi, une dame âgée, qui aurait pu être ma mère, me confiait que désormais la première question des médecins n’a pas trait à l’âge, l’adresse ou symptômes du patient mais à la compagnie ou type d’assurance souscrit. C’est dire.

Chaque 7 avril, à l’occasion de la Journée mondiale de la santé, il importe donc de s’arrêter et de réfléchir sur précisément comment «Atteindre la Santé pour tous» – thème de cette année, mise en avant par l’Organisation mondiale de la Santé. À Maurice, dans le sillage des rapports successifs et accablants de l’Audit et des inexpiables achats d’urgence en période de Covid-19, où l’intérêt d’un clan d’affairistes avait pris le dessus sur l’intérêt général, nous devons collectivement réfléchir sur les voies et moyens possibles afin d’améliorer la qualité de vie des Mauriciens et des touristes. Ce n’est pas l’affaire d’un gouvernement. C’est notre affaire à tous.

***

On ne peut qu’accueillir positivement le Central Medical Procurement Authority Bill qui sera bientôt débattu au Parlement, dans l’espoir qu’il vienne mettre fin aux magouilles qui impliquent ministres, haut fonctionnaires, pharmaciens, bijoutiers, officiers d’organismes publics et parapublics pour détourner l’argent public vers des poches complices et profondes.

Notre première interrogation : qui seront à la tête de cette autre «Authority for procurement of all medical supplies» ? Seront-ils «accountable» au Parlement et au public, ou répondront-ils uniquement au ministre de tutelle, comme les directeurs du New Social Living Development, qui ne répondent ni aux questions des journalistes ni à celles des parlementaires, étant au-dessus de la Public Procurement Act ? Que pourrait faire une nouvelle autorité si elle est peuplée avec ceux qui avaient comploté dans l’affaire de Pack and Blister ou Molnupiravir ? Si, durant la crise pandémique, les instructions émanaient du High Powered Committee, présidé par le Premier ministre, parvenaient verbalement aux fonctionnaires, qui empêcherait quelqu’un de donner des consignes à la nouvelle autorité ? Si les consignes ne sont pas suivies, rien n’empêcherait de virer le chairman et les directeurs, même s’ils ne sont pas à blâmer, comme dans le cas de Mauritius Telecom, où Maxime Sauzier a remplacé Nayen Koomar Ballah, oncle du Premier ministre par ailleurs.

Un médecin qui officie au 5e étage d’Emmanuel Anquetil Building me confiait hier que «The new Authority may also issue directives to public health institutions and officials and may report the officials to the Secretary to cabinet if they fail to comply! In my opinion it is yet another mechanism being put in place to allow abuse of taxpayers money and to favor copains et copines...»

Qu’allons-nous faire alors ? Les laisser faire une fois encore ?