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Leaders sous pression

21 avril 2023, 09:39

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Le leader du MSM (qui veut s’accrocher au pouvoir) et celui du PTr (qui veut reconquérir le pouvoir) passent par des moments bien plus tumultueux qu’on pourrait l’imaginer pour galvaniser leur alliance respective.

Pravind Jugnauth doit gérer l’affaire Gobin/curry cerf, tout en ménageant la susceptibilité d’Ivan Collendavelloo, dont le parti estime qu’il a dû quitter son maroquin ministériel pour des allégations moins graves que celles qui pèsent sur l’Attorney General et ministre de l’Agro-industrie. Selon nos informations, si Collendavelloo n’a pas claqué la porte, c’est en raison des autres membres du ML qui occupent les rangs de la majorité et des postes officiels, dont la vice-présidence de la République. Un éventuel retour de Collendavelloo froisserait paradoxalement les anciens militants Obeegadoo, qui se complaît dans sa position inespérée du numéro deux du gouvernement ou encore Ganoo, qui caresse encore le rêve de voir Tania Diolle passer de PPS à ministre.

Les anciens MMM que Pravind Jugnauth a dû accommoder au détriment de membres du MSM ont réalisé que le leader du MSM a fini par intérioriser le sentiment que la mise à l’écart des ministres (Yerrigadoo, Soodhun, Jadoo-Jaunboccus, Sawmynaden, etc.) lui donne une perception d’épaisseur politique – lui qui a souvent été taxé de novice en politique.

Il y a deux ans de cela, Collendavelloo avait été respectueux de Jugnauth Jr, même s’il arrivait difficilement à cacher sa déception d’avoir été trahi dans l’affaire St-Louis, alors qu’il avait soutenu, bec et ongles, son jeune patron lors de l’affaire MedPoint…

Collendavelloo paie, en fait, le prix fort puisqu’il se retrouve, sur la synthèse de l’enquête de la BAD, avec son ancien leader, Bérenger ; tous deux faisant l’objet d’accusations qui sont demeurées«farfelues»,en attendant que l’ICAC enclenche ou pas la vitesse supérieure. Ce qui pourrait coïncider avec les prochaines élections.

Collendavelloo, qui aurait claqué la porte il y a deux ou trois décennies va-t-il rester respectueux et tranquille alors que les autres leaders se repositionnent sur l’échiquier ?

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Pour sa part, Navin Ramgoolam doit ménager le chou (Duval) et la chèvre (Bérenger). Ce qui est compliqué en soi. Tant que cette équation ne sera pas résolue, il lui sera difficile de brasser plus large, en considérant les Bhadain, Subron, Bodha ou Laurette (sans Sherry Singh), qui voudraient bien s’agripper à une plate-forme élargie au lieu d’aller à la guerre sans armée.

Si Duval se dit prêt à aller au Réduit, il ne souhaite pas pour autant que son parti se mette en retrait de la scène politique. Le PMSD ne voudrait pas que le PTr s’affiche seul avec le MMM, car ce serait un remake de 2014. Quant à Bérenger, il ne souhaite pas que Reza Uteem soit le seul représentant mauve sur un éventuel front bench tricolore ou multicolore.

Si Ramgoolam est conscient que les macadams sont loin d’être aplatis et que le 1er-mai prochain se fera sans l’opposition parlementaire, il tente de se réfugier derrière le dossier de la fraude électorale, qui serait sa priorité du moment. Mais au fond, il doit arracher un compromis avec deux anciens rivaux et leur prouver sa bonne foi à tous les deux. Car, une fois l’alliance conclue, il sait que le plus dur reste à venir : distribuer les tickets et déterminer les profils des candidats par circonscription.

En face, Pravind Jugnauth aura des nuits blanches aussi, surtout quand il devra choisir qui de son équipe pourrait rempiler et qui devrait se faire oublier. Pas facile d’être leader quand les carrières politiques (pour certains fort lucratives) dépendent d’une personne seulement, et non pas d’une collégialité.