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60 ans de service…

27 avril 2023, 10:00

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J e n’ai fait le saut vers La Sentinelle qu’en 2013. À cette époque, les menaces sur l’avenir des journaux, mondialement, et du journal l’express en particulier, localement, se précisaient. Plus exactement, le boycott publicitaire systématique enclenché par le gouvernement de Navin Ramgoolam, se proclamant pourtant vrai démocrate et même «ami» de Jean Claude de l’Estrac, qui signait le journal jusqu’en 2010, commençait à faire vraiment mal. Je me suis, en quelque sorte, senti le devoir d’aller prêter main-forte pour aider à «sauver» un patrimoine. Ce patrimoine était bien sûr celui de mon père, mais il était aussi, assurément, un patrimoine national, une institution, une balise, une sentinelle… qui, en des temps de plus en plus précaires et troubles, méritait, à mes yeux, de perdurer et de survivre.

J’aurais, par ailleurs, vécu toutes les phases de ces 60 dernières années de l’express et de La Sentinelle Ltd, même si jamais d’aussi près que depuis 2013. J’ai assisté aux premiers balbutiements de ce quotidien qui se présentait comme un journal libre, indépendant et pro-Indépendance et que ceux qui le consacraient à l’époque envisageaient comme un témoignage musclé et à contre-courant des clivages ethniques qui se précisaient alors, en amont de la bataille pour l’Indépendance. J’ai vu se développer son positionnement fervent et passionné pour une île qui se devait et qui pouvait émerger du marasme économique imparable que lui prédisaient PMSD, Titmuss, Meade et VS Naipaul. J’ai aussi été correcteur d’épreuves, les samedis matin, aux côtés de ma mère, à l’époque des lettres en plomb et des épreuves corrigées qui faisaient le va-et-vient entre étages, dans une «moque». J’ai été témoin privilégié de la vigoureuse défense de valeurs universelles et de causes méritoires. Je me suis senti happé par la dénonciation systématique des hypocrisies sociales, des mensonges politiques, des petitesses d’esprit et d’ambition presque indécrottables qui handicapaient alors notre devenir.(…)