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L’option ‘solo’ pour les Rouges
L’alliance historique entre le Dr Navin Ramgoolam et Paul Bérenger dans le contexte des élections générales de 1995 fut conclue dans des circonstances qui évidemment n’existent plus en 2023. La seconde alliance – en 2014 – entre Rouges et Mauves ne réussit pas à assurer la victoire face au MSM et aux alliés de ce dernier.
En 2014, ce qui avait grandement entamé la capacité de mobilisation des partisans du Labour et du MMM fut le climat de méfiance et de mésentente qui régna entre les leaders des deux partis après d’inépuisables scénarios de on and off. Ce qui requinqua le MSM auprès d’un certain électorat qui a le regard braqué sur l’Hôtel du gouvernement et sur celui qui occupe le poste de Premier ministre jugé l’homme aux vrais pouvoirs.
Toujours en 2014, la méfiance entre les deux partis devait donner son envol au mouvement d’Ivan Collendavelloo qui s’adressa aux partisans du MMM nullement heureux des initiatives du leader de leur parti et méfiants de Navin Ramgoolam après des décennies de diabolisation. On connaît le reste de l’histoire.
Dans le contexte actuel, il est clair que le Parti travailliste, le MMM et le PMSD essaient tant bien que mal de mijoter une grande alliance qui se préparerait à affronter les municipales sinon les générales.
On accepte volontiers le fait qu’il existerait à Maurice un électorat disposant d’un vote décisif dans les régions rurales et dans deux grandes agglomérations urbaines et qui fait son choix entre le Parti travailliste et le MSM dépendant de qui des deux, dans une situation d’élections générales, garantit mieux ses intérêts. En 2014, face à la ‘menace’ d’un Paul Bérenger Premier ministre, on choisit Anerood Jugnauth dont les cinq sous manquants furent fournis par Ivan Collendavelloo et le père Jocelyn Grégoire. Dans le contexte présent, chez cet électorat, le rôle futur de Paul Bérenger reste toujours un élément déterminant.
Autant que les Travaillistes pourraient jouer sur l’usure du pouvoir du MSM, la série de sandales et les nombreux cas de corruption et de dilapidation et détournements des fonds publics, ils devraient nécessairement convaincre ceux qui ont voté MSM en 2014 et 2019 d’abandonner la famille Jugnauth en faveur d’un nouveau deal. Comment réussir à rallier cet électorat aussi longtemps que les Travaillistes ne parviendraient pas à prouver que Navin Ramgoolam serait le seul maître à bord, incontesté par ses deux alliés ?
Certains dans le Parti travailliste reconnaîtraient volontiers le fait que le MMM ne dispose plus de son following d’antan et que le parti a même perdu sa ‘caution’ dans certaines circonscriptions en recueillant moins de 10 % des votes. Ces mêmes Travaillistes avanceraient toutefois le fait que les quelques milliers de votes dont dispose toujours le MMM pourraient donner à une alliance dirigée par les Rouges un avantage numérique certain face au MSM.
Le MSM pourrait pour sa part tenter d’exploiter la situation en sa faveur en brandissant l’épouvantail Bérenger pour créer une situation à la 2014. Ainsi, au lieu de profiter des votes de ce qui reste de l’électorat du MMM, les Travaillistes risqueraient de perdre le soutien de ceux résistant à tout role ascendant de Paul Bérenger dans un futur gouvernement.
Une campagne aux effets dévastateurs que le MSM pourrait entreprendre dans les milieux travaillistes viserait à mettre en garde contre la possibilité que des partisans du MMM et du PMSD retiennent leur vote dans la circonscription où Navin Ramgoolam serait candidat pour s’assurer de sa… défaite. Ce qui donnerait alors l’opportunité à Paul Bérenger ou Xavier Duval d’accéder aux fonctions de Premier ministre. Navin Ramgoolam ayant déjà deux défaites à son actif, on dirait alors qu’il restait toujours atteint de la guigne, de la fatalité, de perdant. On ferait allusion au dicton ‘jamais deux sans trois’. Face à un tel scénario, il ne serait nullement nécessaire pour le MSM de mobiliser Somduth Dulthumun pour inviter un électorat à play safe avec Pravind Kumar Jugnauth (PKJ).
Les Travaillistes seraient-ils assez naïfs pour tout investir dans une future alliance avec Paul Bérenger et Xavier Duval sans avoir préparé un plan B ? Ce plan B verrait en fait le Parti travailliste aller seul aux élections, avec une liste de 60 candidats mais avec certains alliés mineurs (le PMSD ?) on board, un programme gouvernemental des plus attrayants mais surtout une vaste offensive pour réunir un certain électorat et demander aux partisans d’autres partis de l’opposition de voter utile si leur objectif serait de déloger PKJ.
Les Travaillistes devraient entreprendre une profonde analyse coût-bénéfice pour savoir si l’option solo ne serait pas plus payante que le risque de chevaucher le tigre Bérenger.
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