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Sous l’autopont avec Pravind Jugnauth
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Sous l’autopont avec Pravind Jugnauth
L’inauguration de l’autopont du Quai D hier a permis un piquant échange entre le Premier ministre et la presse sur pas mal de sujets d’actualité. Oscillant entre une bonne humeur avec un ton taquin et une humeur massacrante au ton légèrement menaçant, Pravind Jugnauth a, en une trentaine de minutes, livré sa version des faits et réglé ses comptes avec l’opposition et la presse, tout en admettant que certaines critiques sont justifiées… Mais il n’a pas précisé lesquelles.
1) Fluidité et sécurité. En inaugurant le fly-over du Quai D et en annonçant le début des travaux pour celui du rondpoint de Terre-Rouge, il a mis l’accent sur deux mots-clés au coeur de la stratégie gouvernementale, eu égard aux gros investissements publics : fluidité du trafic et sécurité des automobilistes. Sur le plan esthétique, il a laissé entendre qu’il aime bien l’éclairage néon qui orne le rebord de l’auto-pont de Phoenix car celui-ci lui rappelle les lumières de Divali… (Sourires)
2) Municipales. (Le sourire disparaît) Pravind Jugnauth n’a pas voulu révéler son intention de tenir ou de ne pas tenir les municipales alors que l’échéance de la mi-juin approche. «On prendra une décision en temps et lieu», a-t-il lâché, le regard sérieux, afin, sans doute, de ne pas trahir ses pensées sur la question qu’il doit ruminer.
3) Allégations contre Maneesh Gobin. (Le visage se crispe, le ton devient dur.) Selon Pravind Jugnauth, il faut que les journalistes arrivent à fournir les détails des allégations afin qu’il réponde aux questions. Pendant de longues minutes, c’est lui qui a donc interrogé les journalistes, en haussant des fois le ton : «Quelle est l’allégation ? Qui a allégué quoi ? Quel est l’acte de corruption ? En quoi l’octroi d’un bail constitue-t-il un acte de corruption ?», a-t-il répété aux journalistes, en les prévenant : «Assumez vos responsabilités, si vous voulez reprendre ces allégations. Pa fer palab. Mo pa anpes ou dir seki ou pé anvi dir, mé ou pa pé fouti dir!» (Rires de sa garde rapprochée, gonflée par cette riposte du Premier ministre face à la presse.) Par rapport à la Private Prosecution, il n’a pas voulu commenter l’initiative de Vivek Pursun. Mais, il a clairement fait ressortir que Maneesh Gobin va répondre en Cour suprême, et qu’entre-temps, il ne souhaite nullement divulguer la teneur de la conversation qu’il a eue avec son ministre de l’Agro-industrie.
4) Chagos, c’est historique ! Le Premier ministre n’a pas caché sa tristesse de voir l’«anti-patriotisme» de ceux qui ne voient pas comme lui que Maurice a eu un jugement historique du Tribunal de la mer. «Ena kontan diminié porté bann victwar ki nou pé gagné. Mwa, mo finn gagn enn gran satisfaction. Nou téritwar azordi li délimité ek sa zizman la li ‘binding’ !» Selon Pravind Jugnauth, «il y a un accord avec les Britanniques afin de ne pas révéler la teneur des discussions complexes, qui concernent aussi les Américains». Mais, il a réitéré que les Britanniques demeurent les seuls interlocuteurs du gouvernement mauricien.
5) Transfert des officiers de l’ADSU. Surpris par cette question, Pravind Jugnauth a laissé entendre que l’administration de la police relevait du commissaire de police. Mais, il en a profité pour faire des allégations contre le Parti travailliste «ki noyé avek ladrog». Il a promis que les masques vont tomber…(Il n’a pas souri, et n’a fait aucune allusion à Franklin.)
6) Navin Ramgoolam, mon challenger. Interrogé sur sa fixation sur le leader du Parti travailliste, il a repris son sourire du début : «Avec le PMSD et le MMM, il s’est présenté comme candidat au poste de PM. De qui voulez-vous que je parle alors ? Du Maharajah ou de l’autre que je ne veux même pas nommer ?» Abordant le cas d’Irfan Rahman, il a critiqué le retournement de veste de Ramgoolam et de Bérenger (encore une fois il n’a pas cité Duval). Selon lui, le leader des Rouges et celui des Mauves «zot lespri anba lao»…
Après son one-man show, Pravind Jugnauth a trouvé qu’il avait «bien causé» et il a souri à la presse, en attendant d’autres rencontres sur la route parsemée d’obstacles et de diversions…
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