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FOIA : Mon œil !
Nous resterons des dindons de la farce. Tant que le/la politicien(ne) dira une chose quand il/elle est dans l’opposition et le contraire quand il/ elle se retrouve au pouvoir. L’explication actuelle qu’on rabâche sur le projet d’une «Freedom of Information Act» (FOIA), vieille promesse électorale, est une illustration de la capacité de certains à changer de discours en vous regardant droit dans les yeux, comme si, en effet, il n’y a que des imbéciles qui ne changent pas d’avis.
Si on ne peut plus croire au programme électoral qu’on nous présente, car les circonstances changent au fil du temps, à quoi bon alors faire des promesses qu’on ne pourra jamais respecter.
À bien voir, après neuf ans au pouvoir, au lieu d’instituer une FOIA, ce gouvernement Jugnauth a surtout profité de l’opacité et a tenté de contrôler les réseaux sociaux et les citoyens-internautes.
Nous sommes donc à l’opposé de ces démocraties qui introduisent de nouvelles règles pour favoriser les prises de parole dans l’espace public. Pourtant personne ne devrait risquer sa réputation ou son emploi pour avoir dénoncé des comportements illégaux ou immoraux.
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En 2015, on discutait avec Corinna Zarek, «Senior Advisor» à la Maison-Blanche et professeur de droit en communication à Washington, D.C. L’Américaine, d’un optimisme débordant, était venue à Maurice pour assister le bureau de l’«Attorney General» à collecter des données qui devaient aider à préparer une ébauche de la tant attendue FOIA. On s’était rejoint sur pas mal de choses, notamment sur le fait «qu’il est primordial que le peuple puisse demander des comptes au gouvernement» et que «c’est certainement désagréable pour ceux qui sont au pouvoir de devoir répondre à leurs questions !» Car, en effet, il est tellement plus simple pour les dirigeants de ne pas offrir l’opportunité aux gens de mettre en lumière des informations préjudiciables ou embarrassantes, comme disons, l’affaire Angus Road, le cas Kistnen ou le «curryCerf» de Grand-Bassin.
On avait demandé à Corinna Zarek, ce qu’apporterait concrètement une FOIA à un pays tel que le nôtre ? Notre invitée, qui croyait fermement que le gouvernement allait réellement passer à l’action, n’a pas tari d’éloges : «Grâce à la FOIA, les Mauriciens seront au courant de tout ce qui se passe dans les coulisses, ils pourront accéder à des informations pertinentes, avoir accès à des données qu’il est difficile d’obtenir aujourd’hui. Ils pourront participer activement aux débats avant que des décisions clés ne soient prises..»
«La Freedom of Information Act confère à n’importe quel citoyen le droit de poser des questions au gouvernement.»
Si aux États-Unis, la FOIA est en vigueur depuis 1966, il est certain qu’aujourd’hui, en 2023 à Maurice, avec des scandales qui se succèdent, le gouvernement MSM doit faire marche arrière, car il a érigé le secret et l’opacité en doctrines politiques, c’est-à-dire en un ensemble de règles de pensée ou de conduite.
Certes, nous comprenons qu’il y a des restrictions par rapport à l’accès à l’information. L’on ne divulguera pas, par exemple, des données pouvant mettre en péril la sécurité intérieure ou celles qui relèvent du domaine privé ou du secret médical, entre autres. Chaque pays doit adapter la FOIA à ses besoins, et non pas à ceux du gouvernement du jour, dont les travaux du «High-Level Committee» relatifs au Covid-19 effectués sans un seul procès-verbal. Et puis l’on s’étonne que l’enquête sur le scandale Molnupiravir cherche surtout à dédouaner au lieu de condamner...
Chez nous, la formule d’«open government» ne s’est jamais muée en action. Avec le Covid19, et les achats en «emergency mode», nous avons vu exactement le contraire du concept qui veut que le gouvernement fournit l’information de nature publique sans que quelqu’un ait à le demander. Le gouvernement qui avait promis une FOIA est le même qui fait fi de la transparence budgétaire nécessaire afin que les citoyens soient au courant de ce que fait le gouvernement de l’argent public. Les rapports de l’Audit et du PAC s’entassent dans les tiroirs sans changer quoi que ce soit.
À l’heure où le Premier ministre malmène la presse, il convient aussi de rappeler que les lois sur la liberté de la presse et la FOIA vont de pair. Comme faisait remarquer Corinna Zarek, la liberté de la presse demeure primordiale partout dans le monde. «La liberté de la presse permet aux journalistes de s’exprimer sur des sujets sans que le gouvernement n’interfère dans leur travail. Par contre, la FOIA confère à n’importe quel citoyen le droit de poser des questions au gouvernement.»
Si Corinna Zarek insistait, en 2015, qu’on allait bientôt voir une ébauche de la FOIA, on était bien moins confiants qu’elle. Pravind Jugnauth est venu nous donner raison. Hélas.
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