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Un Maharajah à Alcatraz
Oui c’est vrai : une actualité chasse une autre. Depuis lundi soir, la presse se focalise sur la double arrestation des Singh et leur somptueuse demeure, plantée Au bout du Monde, qui brillait de mille feux. Pauvre Yogida Sawmynaden, il a été relégué au second plan médiatique, alors que Maneesh Gobin, le PPS Rajanah Dhaliah et leur curry-cerf ont, eux, été presque oubliés. À cause de cela, ils sont nombreux à avancer que le timing de l’arrestation de Sherry Singh (qui devait intervenir tôt ou tard, surtout après que la FIU a gelé les comptes du couple et ceux qui étaient en affaires avec eux), est éminemment politique.
Moins d’un an après sa série de révélations dans le sillage du sniffing-gate, l’on savait que Sherry Singh allait être arrêté, mais l’on n’était pas sûr sous quelle accusation et à quel moment. Dès lors, se pose la question : s’est-il lancé en politique parce qu’il savait qu’il allait être arrêté ou l’a-t-on arrêté précisément parce qu’il s’est lancé en politique, comme ses pairs de One Moris l’affirment ?
Sherry Singh, descendu de son trône, avait expliqué avoir choisi de démissionner de Mauritius Telecom car il aurait refusé d’exécuter une requête antipatriotique du Premier ministre. Selon l’ancien CEO de MT, Pravind Jugnauth l’aurait appelé, vers avril-mai 2022, afin qu’il autorise une «3rd party à accéder au trafic Internet» entrant et sortant du pays. Il a parlé de l’installation de «devices» qu’il n’aurait pas permise. Il n’a pas souhaité répondre s’il s’agissait de l’Inde ou d’Israël, mais il a expliqué que c’était contre l’intérêt national de Maurice. Sur le radar de l’opinion, le cuivre n’était pas aussi visible que le câble SAFE de Baie-Jacotet ou encore l’influence chinoise à travers Huawei.
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Autre questionnement : Sherry Singh s’est-il engagé en politique pour se protéger ou pour combattre la dynastie Jugnauth qui, apparemment, l’aurait lâché avant qu’il quitte la Telecom Tower ?
Il est encore trop tôt pour prédire l’avenir politique de Sherry Singh. Il est difficile de dire à ce stade s’il est perçu comme un persécuté du régime ou comme quelqu’un qui, après en avoir bien profité, a quitté un cercle mafieux avec les conséquences que cela entraîne. Surtout quand l’on brise l’omerta…
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Sherry Singh a expliqué son projet personnel : il faudrait effacer «l’erreur de 2019» et s’est dit prêt à soulever, après avoir écouté le peuple, un «tsunami» contre Pravind Jugnauth et Lakwizinn 2.0 (qu’il a décomposée, sur un ton guerrier, en citant «Lady Macbeth, Kishen, Dr Joomaye, Ken Arian, Sarah Currimjee, Prakash Maunthrooa, Hans Puttur, Jimmy Appadoo, Bassoo Seetaram et Rakesh Gooljaury»).
Comme réplique semi-officielle du gouvernement, la ministre Kalpana Koonjoo-Shah avait tenté de déstabiliser Sherry Singh en faisant allusion à Duryodhana (NdlR: the villain of the Mahabharata), soit un prince nouveau riche qui aspire à être roi, en piétinant une amitié longue de 15 ans.
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Les affiliés mafieux obéissent à un chef et à des lois. Dans leur société, le silence est souvent le maîtremot. L’omerta, ou la loi du silence, permet de ne pas dévoiler plein de choses. Mais attention : l’omerta ne signifie pas une protection aveugle, mais la mise en avant d’une justice «juste», entre l’offenseur et l’offensé. Déroger à la règle du silence est passible de mort pour l’un ou pour l’autre… Passer quelques nuits à Alcatraz, comme Sherry Singh, devrait faire réfléchir ceux qui envisagent de quitter le navire MSM.
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