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Pour ne pas changer

3 juin 2023, 09:32

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On attendait de Renganaden Padayachy une indication d’élections anticipées cette année, mais il parle, dès le début de son discours budgétaire, d’un «penultimate budget». Le gouvernement compte donc présenter un autre Budget, mais il peut très bien aller aux urnes plus tôt. Le quatrième grand oral du Grand argentier, lui, n’a rien d’exceptionnel par rapport aux trois précédents, mis à part la réforme du régime d’imposition. Il a certes distribué des sucreries habituelles, mais pas au point de nous rendre diabétiques ! 

Petit changement de forme : le discours commence par les fondations de l’économie, et non du social, soulignant l’objectif d’améliorer la facilitation des affaires et d’«ensure implementation of reforms in line with the recommendations of the World Bank». C’est là un signal envoyé aux agences de notation qui s’impatientent de voir enclencher de véritables réformes économiques. 

Sinon, le ministre des Finances est resté fidèle à lui-même, c’està- dire un fort prodigue en aides et subventions en tous genres. Il faut reconnaître qu’il apporte un grand soulagement à la population qui a vu s’effriter son pouvoir d’achat : le revenu minimum garanti, doublement de l’allocation CSG pour certains salariés, hausse de la pension de vieillesse, enlèvement de la TVA sur des produits de consommation et baisse du prix de l’essence. 

Même les gros salariés sont comblés avec l’abolition de la taxe de solidarité qui représentait un taux marginal d’imposition de 25 % (au-delà du taux normal de 15 %). Le pays peut donc souffler en tant que centre financier international, mais il n’est pas certain que la juridiction gagne en compétitivité avec le nouveau système de taxation. Le problème n’est pas tant la progressivité que le nombre excessif de tranches d’imposition (onze). De la simplification de l’impôt plat dans le passé, on en vient maintenant à une complexification de l’imposition, susceptible de favoriser la fraude fiscale. Un gain de seulement 0,6 point de pourcentage de la croissance économique risque de ne pas justifier le coût additionnel de l’administration fiscale.

 Alors que la pandémie est derrière nous, et qu’on se targue d’avoir réalisé «higher economic growth, more jobs, higher revenue, higher investment, higher FDI, higher exports», on ne comprend pas pourquoi le gouvernement maintient les aides dues au Covid. Comme quoi rien ne change dans sa philosophie économique. L’inflation se chargera de nous ramener à la dure réalité économique.