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Qui sauvera nos institutions ?
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Qui sauvera nos institutions ?
Dans cet angoissant brouhaha avec, d’un côté, des voix appelant à un ressaisissement du gouvernement face aux différentes dérives et, de l’autre, des dirigeants faisant preuve d’arrogance et d’autocratie, retenons l’essentiel : l’incroyable dégradation de nos institutions.
Le show (plutôt médiocre) du responsable de la Striking Team (sur Top FM), venu accompagné de ses avocats (Jagai ne connaîtrait-il donc pas ses propres dossiers ?) pour soi-disant s’expliquer sur les bandes sonores de Sabapati, offre le visage d’une police complètement décrédibilisée.
À croire que le responsable de la SST s'est rendu sur ce plateau pour confirmer tous les doutes que le public a sur cette unité, tant ses explications, dites sur un ton prétentieux, étaient d’une légèreté frisant parfois le burlesque. Mais pouvons-nous rire quand il s’agit ici d’une unité spéciale de la police, dont l’objectif – pas si mauvais – est d’agir rapidement contre les trafiquants de drogue, mais qui s’est illustrée dans l'arrestation des opposants politiques sans pouvoir se justifier ?
Malgré la levée de boucliers provoquée par l’affaire des bandes sonores, malgré tous ces appels de voix sensées pour un grand ménage dans la force policière, malgré la demande de l’instauration (légitime) d’une police des polices, ceux pointés du doigt n’en ont cure. Car sachant qu’ils ont le soutien des autorités. Et pas des moindres !
C’est le Premier ministre qui, à l’Assemblée nationale cette semaine, a donné une nouvelle fois carte blanche à la force policière sans remettre en question toutes les graves et inquiétantes accusations auxquelles elle fait face. «Malgré les intimidations et menaces, il n’y aura ni retreat, ni surrender. On ne va pas porter attention à ceux qui parlent de planting pour décrédibiliser des policiers et qui mettent leur vie en danger.» Et c’est ainsi qu’à part le transfert de certains constables, pour la galerie, les responsables pourront, sans aucune crainte, poursuivre leurs pratiques douteuses.
Une manière de fonctionner faisant partie de tout un système où un État dictatorial, pour se maintenir en place, a besoin d’une police à sa solde. Et si nos dirigeants choisissent bien leurs hommes, c’est pour pouvoir bénéficier de quelques sombres accords permettant à toutes les parties de trouver leurs intérêts. Voilà donc un commissaire de police qui, au départ, doit être totalement indépendant, mais dont le fils a pu bénéficier d’une grâce présidentielle hautement condamnée (alors que celui-ci n’a pas eu besoin de faire un seul jour en prison) par l’opinion publique !
Comment ne pas conclure, avec cet exemple, à un privilège consenti à seulement quelques rares patronymes bien nés, tandis que d’autres, faisant pourtant preuve de bonne conduite en prison, attendent indéfiniment ? Toute cette manière de gérer un pays répond à une stratégie mise en place par un gouvernement autoritaire, dont le but est de contrôler le maximum d’institutions totalement gangrenées par un pouvoir aux méthodes mafieuses !
Outre la police, l’Assemblée nationale illustre plus que jamais cet abaissement de niveau de nos institutions. Que ce soit le Premier ministre qui tente de gagner du temps en ne répondant pas directement aux questions posées, que ce soit le vulgaire Speaker qui, sans raisons valables, utilise les expulsions comme une arme pour faire taire injustement l’opposition, le Parlement est devenu, tristement, un autre levier du pouvoir !
Doit-on revenir sur l’ICAC, qui prouve son statut de bouclier de l’État dans toute l’affaire des allégations de pots-de-vin qui planent sur la tête de l’Attorney General et d’un PPS ? Ici encore, il s’agit d’un autre exemple où, face à des accusations graves, le public n’a eu droit à aucune explication – et a fini par tirer ses propres conclusions – pendant que les élus sont toujours en poste et sont payés (grassement) de fonds publics !
Ce climat malsain asphyxie une population qui assiste chaque semaine à un nouveau scandale, mettant à l’épreuve notre démocratie déjà profondément bafouée ! Renvoi des municipales, présentation d’un Budget qui s'apparente à un exercice de communication (une forme esthétique cachant un fond inquiétant), le scandale du terrain à bail impliquant ministre et PPS sur fond d’étranges connexions et, maintenant, les révélations des bandes sonores et toute une unité de la police soupçonnée de bévue !
Pendant que les cris de révolte se font entendre – à Port- Louis, à l’initiative de Linion Pep Morisien et Rassemblement Mauricien ce samedi – et ailleurs, dans les médias et sur les réseaux sociaux, le Premier ministre ne bronche pas. Au gouvernement, le mood est business as usual. Qu’importe l’angoissant brouhaha !
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