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Campagne permanente
C’est faux d’affirmer que Maurice passe ou passera à l’heure électorale. Notre pays et ses politiciens demeurent en campagne permanente. Ils modulent leurs discours selon la région où ils se trouvent, ou dépendant de l’audience qu’ils essaient de séduire. Ils sont redevables envers leur leader, leur gourou, leur tout. Eux, deviennent toutous.
Nos politiciens ont une vision qui va jusqu’à cinq ans au maximum. Elle s’arrête au renouvellement ou pas de leur mandat. Leur raisonnement est simple : il faut être au pouvoir pour amener des réformes. Et pour être au pouvoir, il faut être populaire. Et pour être populaire, il faut convaincre l’électorat en flattant leur chef et en promettant davantage de richesse (quitte à hypothéquer l’avenir des générations futures). Pareille survie politicienne n’est hélas pas compatible avec nos défis économiques actuels.
Nous ne sommes pas à une année des prochaines législatives, mais au milieu d’un vaste monde qui change sans cesse. Et le petit jeu politique mauricien est depuis longtemps dépassé, mais les leaders ne veulent pas quitter la scène. Pourtant, la nation, morcelée, qui pense et agit en tant que tribus, doit voir plus grand, plus loin. Moins étriqué ! Il nous faut voir ce qu’on ne voit pas encore. Le discours nécessaire pour un développement durable s’inscrit dans la durée, pas dans la survie des dynasties. Les discours qui accrochent se font entendre davantage dans les sphères citoyennes que politiques. Les politiciens ont dit le tout et son contraire. Ils se sont démonétisés pour la plupart. Mais encore une fois : l’on va nous dire : on n’a pas le choix.
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C’est peut-être parce qu’ils mangent tous dans le même bol qu’il est difficile pour nos dirigeants politiques de mettre leur ego de côté pour remettre Maurice sur une voie de démocratisation.
Les discours des uns et des autres relèvent d’une inspiration socialiste qui dépeint une organisation sociale plus juste, qui se place au chevet des plus vulnérables.
Nos différents ministres des Finances mettent l’accent sur des mesures sociales, populaires, même s’ils font autre chose dans les détails du Finance Bill. Ils sont tous coincés entre le déficit budgétaire et la dette publique, ce qui les empêche d’entreprendre de grandes réformes, mais ils ont quand même tenté quelques mesures pour combattre le chômage, accroître la croissance et ce, malgré un contexte international difficile et la pandémie qui a changé notre mode de vie. Ils n’ont pas de baguette magique, avouent leur impuissance, mais vivent quand même comme des princes d’Arabie. Sans doute pour ne sombrer dans la même sinistrose que le gros de la population.
A un moment, le gouvernement Lepep évoquait l’arrivée imminente des télévisions privées, mais celles-ci ne devaient pas toucher aux actualités locales. La MBC devait seule diffuser les images des JT. La presse, pourtant plurielle, serait antipatriotique, selon le pouvoir. Elle est la source de quasiment tous les maux dont souffre Maurice. Elle est en revanche chouchoutée par ceux qui veulent passer de l’opposition au gouvernement. En réalité, elle s’inscrit contre tous les pouvoirs, même contre ses propres démons.
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