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Nous Sommes Tous Georges Holiday

6 août 2023, 11:54

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Quand l’Etat annonça l’installation des Safe City cameras, nombreux sont ceux qui ont manifesté leur mécontentement et, bien entendu, exprimé leur méfiance.

La commercialisation de son premier téléphone avec cam éra intégrée par Nokia fut le début d’une explosion numérique hors du commun. Chaque téléphone pouvant dorénavant être un outil de surveillance ou être vecteur de preuve.

Les plus anciens se souviennent certainement de l’épisode Rodney King, mais peu connaissent Georges Holiday, celui qui a filmé toute la scène où King se faisait tabasser par des policiers. S’ensuivent émeutes, poursuites, acquittements et re-poursuites. Cela fut un déclic et nombre de chaînes de télévision avaient fourni des caméras aux habitants de Los Angeles pour filmer les situations conflictuelles au lendemain des émeutes dans le but évident de ne rien rater.

Il y a une trentaine d’années de cela, les caméras de surveillance dans les lieux publics où les entreprises étaient rares, de même que l’utilisation de gardiens de sécurité. Les choses ont bien évolué entre-temps, pas nécessairement dans le bon sens.

De nos jours, les dashcams font fureur et de nombreux pays autorisent l’utilisation de ces caméras sous conditions. Ce gadget est en passe d’être reconnu comme un outil indispensable en cas d’accident ou d’autres incidents, et deviendra très prochainement non pas une option mais bien un outil obligatoire dans tous les véhicules. D’ailleurs les voitures récentes sont équipées pour la plupart d’une caméra de recul.

Les policiers équipés de bodycams peuvent soutenir leurs accusations ou dépositions mais ce n’est pas encore le cas ici. Les accusations de planting seront ainsi soit évincées d’emblée, soit renforcées without any doubt.

Ces éléments de preuves difficilement opposés, pourraient réduire la criminalité à Maurice, surtout que nous occupons une superficie réduite. Et pourtant, les abus, les vols, l’impunité et surtout un manque évident de maîtrise de cette technologie font que l’efficacité de mesures préventives et protectrices est largement sous-utilisée.

Les images numériques dans leur intégralité peuvent donner raison à un parti ou un autre ou même donner tort à tous ceux concernés lors d’un conflit.

Sans une maîtrise, les dérives seront inévitables et démontreront surtout l’inefficacité de ceux qui décident. Sans des règles établies, nous resterons des utilisateurs bancals sans Âmes, nous servant de ces outils à notre propre fin et non celui de la communauté dans son ensemble.

Mais le plus grand souci pour certains, c’est le manque total de contrôle sur les caméras dites privées ou individuelles. En effet la publication d’images devient hors de contrôle et peut indubitablement avoir des retombées à l’encontre de ce qui été prévu. La question cornélienne est : devons-nous ignorer ces preuves afin de limiter des dégâts avérés ?

La manipulation d’image est de nos jours un acte qui peut être décelé en millisecondes. Les photos prises par votre téléphone indiquent : l’heure, la position GPS et possiblement la présence d’autres utilisateurs dans les alentours. Seuls les novices ne savent pas quand Photoshop a été utilisé, en 2023, une simple app sur un téléphone permet des changements d’identité.

Les sous-marins se déplacent grâce à un sonar. C’est-à-dire, en aveugle, en ne faisant confiance qu’au son. C’est ainsi que se déplacent les chauves-souris. Dans le giron, on dit qu’une «oreille d’or» peut identifier un animal ou un bâtiment ennemi du fait de leurs mouvements dans l’eau et donner des détails précis sur l’identité de la proie.

Les séries américaines montrent souvent la capacité des victimes qui ont été agressées à identifier les aggresseurs dans le noir au seul timbre de leurs voix.

Si on demande à des malvoyants leurs impressions sur ces propos vulgaires qui n’ont pu être attribués dans notre auguste assemblée, il leur suffirait de comparer les voix de celles présentes pour connaître l’identité de cette personne.

Comme quoi, avec l’image, il ne faut pas négliger le son.

Nous ne sommes pas dans le futur mais bien dans le passé, un regard dans notre rétroviseur démontre que nous ne maîtrisons ni la technologie, ni ce qui entoure la technologie, et que si nous continuons dans cette direction, l’intelligence artificielle deviendra la norme.

Alea Jacta Est