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Bipartisme
Des affiches «Ni Pravind, Ni Navin» fleurissent sur les murs de certaines circonscriptions. Ces slogans émanent des partis extra-parlementaires comme le Reform Party de Roshi Bhadain, LPM (bloc auquel s’est joint Nando Bodha), alors que Madan Dulloo, dauphin du siècle dernier, hésite encore.
Avant eux, c’est Paul Bérenger qui conviait la presse pour marteler ce message, pour mettre fin au bipartisme mauricien qui ne favorise pas la démocratie. Le 5 mars 2021, le leader à vie du MMM avançait qu’il ne s’agit pas simplement de changer de gouvernement : «Nous avons besoin d’un changement en profondeur. Ni Navin, ni Pravind. D’ailleurs, ce slogan a été scandé dans toute l’île.» Dans la foulée, Bérenger avait rencontré Bodha, à qui il prédestinait un destin premier ministériel. «Dans les jours qui viennent, et en temps et lieu, il faudra présenter un alternatif au poste de Premier ministre. Cela va provoquer un déclic dans le pays», avait ajouté Bérenger. Puis, il s’est ravisé et s’est tranquillement couché entre Ramgoolam et Duval, ses ennemis jurés d’hier.
Bhadain, lui, refuse d’être un Arvin Boolell obligé de servir sous un Vaish. Il se rêve en un genre d’Obama, capable de réécrire les règles du jeu vicié du système électoral mauricien. En se positionnant contre les deux dynasties qui polarisent le jeu politique mauricien, Bhadain, comme Bérenger hier, contribue dans une certaine mesure à apaiser un pays coupé en deux, comme le monde était scindé en deux au temps de la guerre froide, avec une opposition systématique, totale.
En rappelant que Ramgoolam n’a pas encore expliqué la provenance des Rs 220 millions saisies, il donne l’impression de faire le jeu de Jugnauth. Sauf qu’il embraye sans tarder sur Angus Road et #sniffgate pour démontrer que dans so kafé na péna triyaz. En challenger des deux, il vient rejoindre la voix de ceux qui en ont vraiment marre du système actuel… parce que c’est trop du pareil au même.
De nouvelles têtes sont présentées comme des trophées ; certes, on remanie ceux d’en bas, mais à la tête du système politique, c’est toujours les mêmes patronymes qui tournent et qui tirent les ficelles. Si la méritocratie n’est pas programmée dans nos gènes, cependant, elle s’infirme ou se confirme dans l’action, dans la durée, dans la transmission des valeurs.
Ainsi, face à la realpolitik mauricienne, les guéguerres de pouvoir pour contrôler telle ou telle frange de l’électorat, ou tel ou tel arrondissement d’une circonscription, ne sont en fait que des divertissements de pacotille, voire des jeux de façade. Qui ont déjà commencé d’ailleurs !
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