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Inde: démocratie en destruction

20 août 2023, 10:02

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La population de l’Inde compte désormais 1 4286 milliard d’habitants contre 1 4257 milliard pour la Chine. C’est ce qu’indique le rapport du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) sur l’état de la population mondiale.

Les experts en démographie notent que la Grande péninsule n’affiche aucune donnée officielle sur sa population. Il n’y a eu aucun recensement depuis 2011. Le recensement est normalement fait chaque dix ans, mais celui de 2021 a été retardé à cause de la pandémie. Cependant, l’opposition en Inde accuse le gouvernement de Modi de bloquer l’exercice pour des raisons politiciennes : cacher les chiffres du chômage avant les élections de 2024. L’économie indienne arrive difficilement à créer des emplois aux millions de jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail.

Pendant ce temps, il y a quelques semaines, 250 soldats indiens défilaient en tenue d’apparat sur les Champs Élysées. L’Inde de Modi, qui a un pied-à-terre à Agalega, et la France de Macron ont célébré leur amitié en signant de juteux contrats aéronautiques et d’armements.

Ce qui a provoqué des commentaires de certains éditorialistes en Inde et en France : l’aéronautique Made in France représente la moitié des exportations françaises vers l’Inde. La France vend aujourd’hui davantage d’armes aux Indiens que les États-Unis ! Et du coup, l’opinion en France se demande si l’économie de la guerre devrait fermer les yeux sur «les dérives ultranationalistes du gouvernement Modi, les violences contre les minorités musulmanes et le fait que les médias sont mis au pas». La stratégie pro-indienne et anti-chinoise de l’Occident peut-elle escamoter les actes anti-démocratiques ?

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Narendra Modi prône l’«hindutva». Cette doctrine idéologique qui favorise l’hindouité tend à mettre sous pression les minorités confessionnelles, et fragilise le sécularisme et le multiculturalisme légendaires de la Grande péninsule. Les signes sont là. Modi ne rate pas une occasion de laisser entendre et comprendre que l’Inde appartient aux hindous. La démonstration de force au Cachemire a pour objectif de réduire l’autonomie dont cette région à majorité musulmane jouissait depuis l’Indépendance. Ce qui a provoqué une levée de boucliers des intellectuels indiens, indépendamment de leurs couleurs politiques ou de leurs origines ethniques. Parmi les voix les plus sonores, celle de la militante et écrivaine Arundhati Roy : «India is a continent. More complex and diverse, with more languages – 780 at last count, excluding dialects – more indigenous tribes and religions, and perhaps more communities that consider themselves separate nations than all of Europe. Imagine this vast ocean, this fragile, fractious, social ecosystem, suddenly being commandeered by a Hindu supremacist organization that believes in a doctrine of One Nation, One Language, One Religion, One Constitution. I am speaking here of the RSS, the Rashtriya Swayamsevak Sangh, founded in 1925 – the mothership of the ruling Bharatiya Janata Party. Its founding fathers were greatly influenced by German and Italian fascism. They likened the Muslims of India to the Jews of Germany, and believed that Muslims have no place in Hindu India...»

La démocratie serait-elle, donc, la pire des dictatures ? Parce qu’elle est justement, ou injustement, la dictature exercée par le plus grand nombre sur la minorité ?

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Dans «Théorie de la dictature», l’un de ses derniers ouvrages, Michel Onfray dégage pas moins de sept pistes pour définir les dictatures du XXIe siècle. Un peu comme «1984» et «Animal Farm» ont permis de penser les dictatures du siècle dernier. Le cadre d’analyse d’Onfray se prête bien à ce que l’on voit en Inde, et un tant soit peu aux risques d’absolutisme du régime Jugnauth à Maurice. La théorie de la dictature repose donc sur les pistes suivantes : 1) détruire la liberté (assurer une surveillance permanente qui pourrait nuire à la vie personnelle, par exemple Safe City, s’il est mal utilisé); 2) appauvrir la langue (utiliser le double langage du pour ou contre le kreol au Parlement ?); 3) abolir la vérité (par exemple, censurer le Hansard, ou refus de publier des contrats stratégiques, instrumentaliser la presse, diffuser de fausses nouvelles, etc.); 4) supprimer l’histoire (effacer le passé, ne pas enseigner l’histoire dans les écoles publiques) ; 5) nier la nature ; 6) propager la haine («fomenter des guerres», «achever le dernier homme») ; 7) aspirer à l’Empire (gouverner avec les élites et choisir les castes majoritaires afin de contrer les autres)...

Cela vous rappelle un peu Maurice ?