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Abus de pouvoir
L’abus de pouvoir s’attaque à un des fondements de notre république, l’égalité des chances. C’est pour cette raison qu’il ne faut pas banaliser les excès des élites du pouvoir. Tapis dans les hautes sphères, un grand nombre de prédateurs s’octroient des privilèges indus. Par lassitude, l’opinion traite de ces affaires, le plus souvent, avec légèreté. Ce n’est pas le cas dans les pays qui respectent les pratiques de bonne gouvernance.
Exemple de ce qui peut arriver dans un pays plus avancé démocratiquement : l’ancien patron de la Thaï Airways a eu à quitter son poste parce qu’il a osé transporter un excédent de bagages lors d’un vol effectué sur un avion de sa compagnie sans payer les frais réglementaires.
Un tel comportement n’aurait scandalisé personne à Maurice. Des abus de ce genre sont fréquents ici. Après la révélation du scandale, le Président exécutif de la compagnie nationale thaïlandaise a non seulement été contraint de démissionner mais s’est vu présenter une facture de $ 6 000. C’est ce que rapporte le quotidien Bangkok Post dans son édition de samedi dernier. Il faut préciser que le syndicat des employés de la Thaï Airways a fait pression afin que le coupable paie pour sa faute.
Malgré cela, aucun dirigeant syndical de l’entreprise n’a été licencié ou suspendu. Sur ce point également, il y a des enseignements à tirer pour nous. Les puissants du jour doivent comprendre que tout n’est pas permis dans une démocratie. On imagine mal un dignitaire mauricien poussé à la démission parce qu’il est impliqué dans un scandale de bagages excédentaires.
En fait, l’opinion publique s’accommode très bien des billets gratuits ainsi que des surclassements que la compagnie aérienne nationale offre aux personnalités de l’establishment. On peut citer une série d’autres d’abus qui nous laisse indifférents mais qui auraient choqué l’opinion publique dans des pays plus soucieux que nous des normes de bonne gouvernance. Ils vont du passe-droit, dont bénéficient les puissants pour obtenir un traitement plus rapide dans un service public, à des cas de corruption aggravée.
Ces coutumes sont beaucoup trop ancrées dans nos moeurs pour qu’on s’en indigne. Nous ne pouvons ignorer le fait que les pratiques abusives des potentats de Maurice sont liées à l’affaiblissement des syndicats de la fonction publique. Quand un petit fonctionnaire, ou cadre d’un service parapublic, se retrouve face à un favori du roi, il s’exécute, même si celui-ci réclame une faveur totalement déraisonnable ou illégale. Le fonctionnaire n’aura pas assez de courage pour dire non et son syndicat ne le soutiendra pas s’il est licencié ou transféré de manière punitive.
La propagande gouvernementale se vante que sur le plan de la démocratie, Maurice occupe une place prééminente dans des tableaux où figurent des pays de la sous région. En poussant un peu plus loin la comparaison, jusqu’à la Thaïlande par exemple, on découvre la réalité.
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