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Actions et réactions
Les objectifs peuvent être clairs. Mais si les moyens employés pour les atteindre sont mal élaborés, les résultats peuvent surprendre. Trois exemples dans l’actualité de cette semaine.
Doper sa popularité, voilà ce que le gouvernement semblait vouloir faire dans les cinq mairies du pays. Comme la récente nomination des maires n’a été qu’une consciencieuse distribution de « boute », certains se sont donc empressés de réclamer le leur. C’est le cas des marchands ambulants de Port-Louis qui croient depuis longtemps que certaines choses leur sont dues à cause de leur statut d’électeur et leur appartenance à une communauté. Le gouvernement paye son approche clientéliste. Symbolisé par un maire dont le premier geste a été de laisser entendre que les marchands ambulants pouvaient réinvestir les lieux dont ils avaient été chassés par le maire précédent. Du coup, c’est le Conseil des ministres qui a dû se rabaisser à statuer vendredi sur le sort des marchands ambulants de Port-Louis. Alors que le lord-maire a pleine autorité en la matière.
Le ver est dans le fruit, les marchands ambulants, avec cette intervention du Conseil des ministres, ont plus que jamais conscience de leur pouvoir de nuisance, voire de leur valeur, aux yeux du gouvernement. Pour l’heure, il leur est permis de réinvestir les trottoirs de Port-Louis jusqu’au 10 janvier. Il y a fort à parier qu’audelà de cette date, ils choisiront de rester. Et rien ne dit que les autorités, municipales et gouvernementales arriveront alors à les déloger.
Autre chose difficile à déloger : les leçons particulières. Vasant Bunwaree semble vouloir adopter une approche progressiste face aux problèmes qui minent notre système éducatif. L’interdiction faite aux enseignants de donner des leçons particulières aux élèves de la « Standard IV » paraît justifiée. Car elle vise à empêcher que de jeunes enfants soient happés dès l’âge de 8/9 ans dans une course effrénée au résultat.
Vinod Seegum et d’autres syndicalistes de l’enseignement primaire sont vite descendus dans la rue pour réclamer la mise au placard de cette mesure. Pour une fois, l’argumentaire utilisé se tient. En effet, que répond-on aux syndicalistes quand ils posent la question : « Comment fait-on pour suivre individuellement 40 à 45 élèves d’une classe sans avoir recours à des leçons particulières ? » Tout cela dans un système éducatif où les cursus des « standards » 4,5 et 6 sont étroitement liés. Les réponses sont difficiles à trouver. La surpopulation de nos salles de classe est connue. Tout comme nous savons que notre système éducatif manque cruellement d’enseignants. Cela tombe bien pour une certaine bourgeoisie qui va encore une fois profiter de l’impréparation du ministère de l’Education pour justifier par tous les moyens le maintien du « Certificate of Primary Education » et de tous les maux qui l’accompagnent. Une mesure positive avait été mise au placard à cause des mêmes faiblesses. On avait demandé aux enseignants du secondaire de rester une demi-heure de plus dans nos collèges afin de dispenser du soutien scolaire ou d’animer des activités extra-curriculaires. Mais le ministère de l’Education avait omis de proposer un vrai programme d’activités aux profs restant après les heures de classe. Cette fois-ci, c’est par manque de solution alternative de soutien scolaire que les leçons en « standard IV » risquent d’être maintenues. Dans les deux cas, l’impréparation aura eu raison d’une bonne décision.
Rien ne semble par contre avoir raison de Navin Ramgoolam ces derniers temps. Certainement pas les patrons du secteur privé. Ce lundi, en défendant le budget du gouvernement, le Premier ministre a relancé sa querelle avec eux. Sur le fond, sa position semble juste. L’Etat et le secteur privé s’étaient entendus pour respecter les recommandations d’un arbitre sur la question du prix payé aux producteurs indépendants d’électricité. Mais les entreprises du secteur de la canne semblent toutefois réticentes à appliquer les recommandations de l’arbitre. C’est une attitude que Ramgoolam juge – à juste titre - déloyale.
Mais il faut reconnaître que le timing des sorties de Ramgoolam contre le secteur privé obéit à une séquence politique bien déterminée. La première salve est intervenue peu après son arrivée au pouvoir, sur la question de la réglementation des prix. Le fantassin Jeetah a alors eu tout le soutien du Premier ministre dans une guerre apparemment dirigée contre certains groupes précis. Il fallait asseoir l’image de ce « caring government » qui promettait de « sanz ou lavi dan 100 zours. » Mais comme la vie ne changeait pas et que les budgets 2006 et 2007 de Sithanen étaient reçus comme des douches froides par la population, une deuxième salve s’est imposée. Au moment où l’on reprochait au gouvernement de protéger les riches, Ramgoolam est parti en croisade contre les « dinosaures » et « accapareurs » du secteur privé. Avec lesquels il a négocié durement jusqu’à fin 2007, pour obtenir un accord qualifié « d’historique » sur le partage des bénéfices dans le secteur de la canne. Deux ans plus tard, la fin de mandat se devait d’être bouclée sur la même note de démocratisation. Le différend opposant Ramgoolam et le secteur privé aurait pu être réglé entre quatre murs. Avec le langage diplomatique mais très ferme dont peut faire preuve Ramgoolam. Mais il a choisi de porter la querelle sur la
place publique.
Nous ne voyons qu’une explication à cela. Ramgoolam est en train de boucler la boucle et revenir à ses fondamentaux. Les élections approchant, il se doit de projeter la même image que celle de 2005. Un homme travaillant sans relâche afin que « pouvoir pa sapp dan nou lamain ». Sauf qu’une attitude susceptible de fédérer l’électorat traditionnel de Ramgoolam peut également rebuter ces minorités qu’il tente de rassurer et de séduire. C’est un pari risqué que le Premier ministre semble bien vouloir prendre.
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