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Adopté pour devise…
De toute évidence, il faut défendre l’emploi. Si ce dernier est menacé par des taux de change défavorables à la trésorerie des entreprises et susceptibles de compromettre leur capacité de survivre à la crise, alors, sans doute, faut-il accepter d’agir sur la monnaie. Mais suffit-il que les entrepreneurs du sucre, du tourisme et de la zone franche nous racontent leurs déboires pour que nous avalions sans mot dire la pilule de la monnaie faible ?
Nous n’avons rien à gagner à penser systématiquement que nos compatriotes du Syndicat des sucres, de l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice ou de la Mauritius Export Association sont des profiteurs impénitents, toujours à la recherche de petits profits au change. Ce sont certainement d’honnêtes Mauriciens, pas moins avertis que nous et sincèrement préoccupés de la viabilité de notre projet économique national. Mais il y a une information qui nous manque et, sans doute, faudrait-il que des étudiants en économie se livrent à une étude approfondie pour tenter de répondre à la question posée. La suivante : peut-on chiffrer l’incidence d’une politique monétaire favorable à l’exportation sur le pouvoir d’achat et la consommation des ménages ? Autre question : où se situe le point d’équilibre entre la roupie dite compétitive pour les exportateurs et un taux de change supportable pour ceux qui achètent du lait en poudre, des stylos billes ou des médicaments ? Parce qu’ils sont minoritaires, doit-on exclure du champ de préoccupation les parents qui souhaitent encore payer des études à l’étranger à leurs enfants ?
Etablir un lien de nécessité entre la force d’une économie nationale et la valeur de sa devise sur le marché de changes provoquerait sans doute un haussement d’épaules chez des économistes plus nuancés. Reste qu’une large majorité est susceptible de partager cet avis, d’avoir du mal à comprendre qu’on demande aux salariés de faire des efforts, d’être productifs, sans pour autant arriver à s’offrir un voyage à La Réunion. Alors que nous voyons des milliers de Réunionnais, même ceux occupant des emplois moins qualifiés que les nôtres, dépenser allègrement chez nous. Roupie compétitive, certes, mais frustrations réelles aussi.
Puis ces données venues de Singapour : réévaluation du dollar à la mi-avril 2010. Possibilité d’une croissance s’approchant des 15% pour l’ensemble de l’année. Allez comprendre !
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