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Aggraver le mal

9 juillet 2013, 07:11

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Aggraver le mal

Une chose est certaine, il faut des ministres plus compétents au gouvernement. Mais il ne suffit pas de permettre au Premier ministre de nommer des ministres non-élus pour que le pays soit mieux géré. En proposant un tel mode de désignation, Rama Sithanen ne tient pas compte des spécificités du pays.

 

Faire entrer au conseil des ministres des personnes qui n’ont pas reçu l’onction du suffrage universel pourrait, dans le contexte mauricien, aggraver la mal-gouvernance existante. Car il manque ici des mécanismes appropriés de contrôle.

 

La formule a fait ses preuves dans certains pays, comme la France et les États-Unis. Chez nous, les conditions ne sont pas les mêmes. Les contrepoids («checks and balances») n’existent pas. Il n’y a pas d’instances officielles pour valider les nominations faites par le Premier ministre. C’est ce qui lui permet, par exemple, de nommer des agents politiques à la tête des parapublics. C’est ce système-là que Sithanen entend généraliser ?

 

En outre, les ministres n’ont pas l’obligation de transparence. En l’absence d’une «Freedom of Information Act», ils n’ont pas de compte à rendre aux citoyens sauf à l’occasion des élections. Comment sanctionnera-t-on l’arbitraire d’un ministre non-élu ?

 

Le pouvoir du citoyen se limite à déposer un bulletin dans l’urne tous les cinq ans. Si on le prive de ce seul moyen d’exercer une influence directe sur le choix des ministres, on change profondément la nature de notre démocratie.

 

Il y a une erreur de logique dans le casting proposé par Rama Sithanen. Il veut envoyer des technocrates au Parlement et maintenir des politiciens à la direction des parapublics. L’inverse aurait été plus utile.