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Ailes de plomb

21 février 2012, 10:21

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Air Mauritius (MK) aura beau se cacher derrière le cours de l’euro ou celui du pétrole, elle n’y échappera pas : son mal a des causes internes. Pendant trop longtemps, la direction a accepté de sacrifier la viabilité économique de la compagnie pour servir les petits intérêts des dirigeants politiques. Le résultat était prévisible.

MK a annoncé, la semaine dernière, qu’elle essuiera des pertes colossales pour l’exercice 2011- 2012. Si le bilan de la compagnie devrait s’inscrire dans le prolongement des neuf premiers mois de l’exercice, les pertes pourraient frôler le milliard de roupies. Certes, l’euro est en baisse et le prix du carburant fl ambe, mais MK ne peut refuser de voir ses faiblesses intrinsèques.

La compagnie nationale a tort de chercher ailleurs les causes de ses déboires. Ce n’était pas nécessaire d’aller recruter à l’étranger des consultants pour élaborer les mesures qu’elle vient de prendre. Une direction normalement constituée aurait pu réaliser qu’il faut abandonner les routes non-rentables pour retrouver l’équilibre financier.

Il n’y avait pas lieu d’avoir recours au prestigieux, et coûteux, cabinet «Seabury» pour savoir qu’il faut supprimer les lignes déficitaires et renforcer les dessertes les plus populaires.

Pour redresser sa situation, MK envisage, outre la reconfiguration de son réseau, un dégraissage du personnel et un renouvellement de sa flotte avec des «Airbus» moins gourmands. Des décisions que la direction de la compagnie n’a pu prendre sans commander une étude onéreuse ?

Le sort s’acharne sur MK depuis que Megh Pillay a été prié de «lev paké allé» en 2005. Elle est allée de turbulence en turbulence et a failli être emportée dans le tourbillon du «hedging» commis en 2008. Ces crises successives sont la conséquence directe du mode de nomination à MK. Il n’est pas utile de rappeler ici les péripéties de l’affaire Bungsraj, du nom de celui qui est passé en coup de vent au «Paille-en-Queue Court», pour expliquer à quel point les nominés politiques peuvent nuire à une compagnie nationale.

Nationale ? Des discussions seraient en cours avec «Air France» et «Qatar Airways» pour un partenariat stratégique, dit-on. Ainsi, le chat échaudé par l’arrivée de «France Telecom» à «Mauritius Telecom» ne craint plus l’eau froide.