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Ali, un handicapé

14 février 2010, 01:11

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Soyons directs : entre Rashid Imrith et Ali Mansoor, ma sympathie va immédiatementau secrétaire financier.

Mansoor est un brillant économiste, peut-être le meilleur de sa génération, formé dans des universités prestigieuses aux Etats-Unis et en Europe. Son expérience de la gestion économique, il l’a acquise dans des organisations internationales de renom. La fonction qu’il occupe, il la mérite par des compétences éprouvées.

Autant qu’à ses qualités professionnelles, c’est aussi grâce à son sens de l’Etat, son  patriotisme passionné, sa rigueur et son éthique personnelle que le secrétaire financier est,à mes yeux, une chance pour le pays. Aux côtés de son ministre, souvent soutenue parle chef du gouvernement, cette équipe a su gérer avec maestria les retombées d’une crise économique internationale qui met tant de pays à genoux. Dans l’ombre, avec  intelligence et dévouement, parfois avec brusquerie, il est vrai, Mansoor a puissamment contribué à la sortie de crise mauricienne. Il mérite les félicitations de la nation ; rien ne justifi e l’humiliation qu’on lui infl ige. A lui et à Rama Sithanen.

Rashid Imrith n’est pas de la même trempe. Ce syndicaliste défend les intérêts des fonctionnaires, cela est légitime et honorable. Ce qui ne l’est pas, ce sont les moyens que lui-même et ses confrères utilisent pour s’opposer aux recommandations du secrétaire fi nancier. Il faut vraiment être borné et stupide pour contester leur pertinence. Le secrétaire fi nancier souhaite seulement que les ministères qui veulent recruter ou accorder des promotions s’engagent, en contrepartie, à améliorer la qualité des services qu’ils offrent au public. Le secrétaire financier ne veut pas de blablabla, il suggère une obligation de résultats chiffrés.

S’il y a une mesure à contester, dans l’intérêt général, ce serait plutôt le grand nombre de fonctionnaires que le gouvernement se propose de recruter. Là est le scandale. La  fonction publique est déjà pléthorique, la moindre des choses est d’exiger l’amélioration des services.

Que réclame concrètement le secrétaire financier au nom du ministère des Finances ? Par exemple que le ministère de l’Education s’engage à améliorer le pourcentage de réussite dans les écoles, à augmenter le ratio de recrutement des étudiants à l’université ; que le ministère de la Santé s’active à diminuer le temps d’attente des patients dans les hôpitaux ; que le ministère des Infrastructures publiques travaille à réduire la congestion routière, et ainsi de suite. Il n’y a rien à redire à cela, il est étonnant que le bureau du Premier ministre semble penser autrement.

L’autre point en litige, au dire du syndicat, est le « recrutement illégal » de consultants étrangers à qui on verse prétendument des salaires faramineux dans le cadre du «  Capacity Building Programme », un projet annoncé dans le dernier budget. C’est un grossier mensonge, relayé sans vérifi cation par les porte-voix des syndicalistes.La quinzaine de jeunes Mauriciens titulaires d’une licence – à l’exception de deux étudiants de la « Harvard’s Kennedy School of Government » – recrutés sur contrat à durée déterminée reçoivent une rémunération plutôt modeste, compte tenu de leurs diplômes, dans le cadre d’un programme dont les objectifs sont clairement défi nis. C’est un programme excellent et nécessaire, destiné notamment à pallier les insuffi sances de quelques fonctionnaires aux titres ronfl ants et à l’effi cacité somnolente.

Le pauvre Mansoor n’a qu’un handicap : il n’est l’homme d’aucune tribu ; il n’appartient à aucune « société », il se moque des « réalités mauriciennes », il ne fréquente pas le bureau du Premier ministre aussi souvent que le syndicaliste Imrith.

Et pis encore, il ne sait même pas que les élections arrivent…

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