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Allons à la racine

18 septembre 2013, 08:56

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«C'est avec inquiétude que nous observons une stagnation, voire une baisse, des étudiants optant pour les sciences à Maurice », a déclaré le ministre de l'Education, Vasant Bunwaree, le mardi 17 septembre, lors de la remise des prix de la Physics Olympiad 2013. Peut-on se contenter d'observer sans rien entreprendre pour contrer cette désaffection ? Comment en arrive-t-on là, comment peut-on se soustraire à cette fort inquiétante situation ? 

 

Tant que nous aurons l'ambition de produire des médecins, des ingénieurs, des météorologues ou des pilotes de ligne, il faudra bien que nos établissements scolaires continuent, chaque année, à présenter des candidats de la filière scientifique en HSC. Outre de se consacrer à la palette de métiers scientifiques dont un pays ne peut se passer, certains de nos jeunes, on veut l'espérer, étudieront les sciences, pour les sciences. Pour la connaissance, pour la recherche, pour être les Archana Bhaw-Luximon et Shaheen Motala-Timol de demain. Mais il ne suffit pas d'occuper les postes dans les métiers de sciences appliquées et les chaires de sciences pures. Il faut également mesurer combien le monde de l'économie et des affaires, les entreprises seraient plus riches et inventives si leurs futurs animateurs étaient formés avec aussi une ambition de connaissance scientifique. 

 

Aucun système éducatif n'est parfait, tous les systèmes peuvent faire l'objet de critiques. On peut, par exemple, critiquer le système français ou le système indien, tous deux trop compétitifs peut-être. Reste qu'il est toujours instructif de considérer quels contenus un pays demande à ses futures élites d'assimiler. En France, la voie royale pour la réussite dans le secteur public comme le secteur privé est l'école d'ingénieur, la plus prestigieuse étant l'Ecole Polytechnique, l'admission dans ces établissements nécessitant un très haut niveau de mathématiques et de physique. En Inde, le chemin de réussite dans le monde des affaires passe aujourd'hui par le diplôme d'ingénieur conféré par un des IIT - Indian Institute of Technology -, cela suivi par la formation dans un IIM - Indian Institute of Management. La gestion, le marketing et le management, certes, mais après une formation d'ingénieur, pas dès la première année de HSC. 

 

C'est bien, de la part Dr Bunwaree, de s'inquièter de la désaffection pour l'étude des sciences. Mais le ministre ne devrait pas oublier qu'il tient entre les mains le plus puissant outil d'ingénierie intellectuelle et culturelle du pays : la capacité de modeler autrement le système d'acquisition des diplômes. Un ministre de l'Education peut décréter qu'à partir de 2018, soit pour les élèves entrant en Form I en 2014, les candidats au School Certificate devront nécessairement se présenter à deux épreuves scientifiques. Et ce serait loin d'être arbitraire.