Navin Ramgoolam a obtenu un mandat clair et net. Il peut se féliciter d’un vote d’adhésion à son parti. En revanche, l’électorat a considéré que le MMM n’est pas une alternative crédible. Ce sont là les principaux enseignements du vote des Mauriciens.

Si l’Alliance de l’avenir doit sa victoire avant tout à l’image que Navin Ramgoolam a su cultiver de lui même, le véritable gagnant des élections demeure Pravind Jugnauth. Il sera appelé à jouer durant les prochaines années un rôle auquel son poids politique ne le prédestinait pas. Le leader du MSM se retrouve aujourd’hui au quatrième rang d’un gouvernement qui contrôle deux tiers de l’Assemblée nationale.

Le MSM a pourtant versé une dot peu significative au PTr. Celui-ci a à peine augmenté son score de la dernière fois. Le bloc dirigé par Navin Ramgoolam récoltait 49,5% des suffrages en 2005. Il réalise aujourd’hui, avec son nouvel allié, 50,6 %. En contrepartie de ce faible soutien au PTr, le MSM bénéficiera de 12 sièges au Parlement. C’est une bonne opération pour le parti du Soleil.

S’il a tenu à recourir à une force d’appoint, c’est que Navin Ramgoolam a sous-estimé sa propre force électorale.

Les résultats d’hier montrent qu’il a pourtant fait le plein des voix non seulement dans son électorat traditionnel mais au-delà. Son ancrage au sein de l’électorat musulman se révèle plus durable que le MMM ne l’avait cru.

La victoire sans bavure du PTr à Rivière-des-Anguilles-Souillac et à La Caverne-Phoenix ainsi que la réélection avec panache de Rashid Beebeejaun est une conséquence directe de cette nouvelle donne électorale.

Le MMM obtient un score de 42,3 % au niveau national et sera représenté par 18 députés au Parlement.

En alliance avec le MSM en 2005, il réalisait seulement un point de plus, soit 43,3 %. Il peut tirer quelque gloire de ce résultat car il comptait moins d’effectifs au Parlement jusqu’ici. Cependant, il a des soucis à se faire sur un autre plan. Son électorat apparaît désormais typé ethniquement : il passe la barre des 50 % dans quatre circonscriptions, notamment GRNO-Port

Louis Ouest, Curepipe-Midlands, Rose Hill-Stanley et Beau Bassin-Petite Rivière.

Dans l’ensemble, les élections se sont déroulées dans de bonnes conditions sauf en ce qui concerne l’utilisation outrancière de la MBC comme machine à propagande.

On peut aussi regretter les propos tenus hier par Navin Ramgoolam lors de son discours de vainqueur à Triolet.

Tout en épargnant ses adversaires politiques, il a choisi de s’attaquer à Jean Claude de l’Estrac, président du groupe La Sentinelle, qu’il a cité nommément. Il a raté une occasion de s’élever au-dessus des polémiques.

Les élections finies, les vainqueurs doivent maintenant se mettre au travail. Le nouveau gouvernement devra être très performant pour être à la hauteur des attentes de l’électorat.