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Artiste à l’index
La censure imposée à Susheela Raman est vécue de manières très diverses. Les uns la perçoivent comme un affront à la liberté d’expression, les autres la jugent nécessaire parce qu’il y a atteinte aux sentiments religieux.
Toutefois, quelle que soit la perspective dans laquelle on se place, on doit reconnaître qu’au sein des sociétés démocratiques, l’idée même que puisse s’exercer une censure est révoltante.
Censurer, c’est interdire. Cela ne peut qu’indigner ceux qui croient à la liberté d’expression, dont l’artiste elle-même.
Susheela Raman ne cache pas son irritation dans un commentaire rédigé sur sa page Facebook, vendredi : “Very unhappy to be told on arrival that we cannot play the Murugan-related songs ‘Paal’ or ‘Ennapane’, which are centerpieces of both the album VEL and our live show, because some minority ultra-conservatives within the Tamil minority are upset by them.”
La chanteuse se trouvait dos au mur. Soit elle accepte sur le champ de supprimer de son répertoire les deux numéros contestés ou alors le spectacle est annulé. Elle a choisi d’éviter le scandale. Ce qui se passe par la suite n’est pas sans rappeler une pratique adoptée par la presse mauricienne durant les sombres heures de la censure qui sévissait au cours des années 70.
Victime de la censure, Susheela Raman a observé une minute de silence à l’instant où la chanson «Paal» était programmée. Victime des censeurs, le Dr. Philippe Forget, alors à la tête de «l’express», remplaçait par un carré blanc l’espace libéré par tout article interdit
de publication.
Artistes comme journalistes, tous considèrent que la liberté d’expression est un droit fondamental. Naturellement, ils sont conscients que ces droits s’accompagnent de responsabilités. Ils ont donc le souci de ne pas outrager, de ne pas heurter les sensibilités et surtout, de ne pas provoquer.
C’est le cas de Susheela Raman. «Paal» est issu de dix ans de recherches auprès de ses gurus. Ce titre, où s’entremêlent la musique carnatique d’Inde du sud et le feeling folk et soul, a été joué et accepté jusqu’au Tamil Nadu.
Qu’a-t-elle pu penser, cette grande artiste ouverte à toutes les cultures, de ceux qui lui ont fermé des portes ?
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