Publicité

Aux actes, citoyens ! 

20 mai 2013, 19:19

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Le droit à la parole nous l’avons. Qu’en est-il de ce droit au quotidien ? La presse peut écrire sur les arrestations du MITD, sur un ministre qui aurait tabassé un automobiliste ou ses voisins, sur la fermeture de centres pour les enfants à problèmes, faire des opinions, aligner des éditoriaux. Mais dans les faits, que se passe-t-il ? Aux personnes concernées qu’arrive-t-il ?

 

Tant qu’un professionnel ne peut exercer alors que c’est son devoir, tant qu’un automobiliste se retrouve dans une affaire politique alors qu’il ne s’agit que de droit commun, tant qu’un directeur d’un corps parapublic peut se dédouaner de toute responsabilité, tant que les ‘Fact Finding Committees’ demeurent secrets… que peut faire la parole citoyenne ? Au quotidien, le citoyen est loin d’être véritablement libre. C’est donc au quotidien qu’il faut agir, car c’est au quotidien que nous sommes interpellés. La liberté d’expression, nous l’avons. C’est au coeur de notre Constitution. Mais la prenons-nous ? Avons-nous l’envie de vivre librement ? Ou préférons-nous rester cachés derrière un pseudonyme, dans un blog, ou un prénom à la radio ?

 

De craintes en appréhensions, nous devenons encagés, au lieu d’être engagés. Le citoyen est menacé dès que ses propos deviennent des actions. Lorsqu’un enfant ne peut plus dénoncer, lorsqu’un témoin est mis en cause par la police, lorsqu’un travailleur ne peut plus exercer… c’est la fin de l’Etat de droit.


  
A cause de cette oppression, combien de nos compatriotes aujourd’hui sont capables de refaire le monde en privé, mais se sentent démunis, et souvent frustrés, lorsqu’il s’agit de passer de la sphère privée à la sphère publique ? Combien de Mauriciens sont incapables de dire crûment dans la presse ou tout autre forum public ce qu’ils pensent chez eux ? Et même, si nous nous pouvons parler, délibérer, tant que ces discours ne mènent à rien de concret, ne sont-ils pas moins qu’utiles ?  Or, le moyen d’action de la presse, c’est la parole ou du moins l’écrit. Comment résoudre ce paradoxe ? En retransformant l’expression en actes, pardi ! C’est pourquoi La Sentinelle a décidé de lancer un forum citoyen, ouvert à des personnes de tous horizons, pour qu’elles contribuent au débat public, apportent des solutions concrètes, à commencer par des suggestions pour nous améliorer à l’express même. Nous faisons donc appel à vous en ces termes : A bien voir, la politique locale manque de charité dans les idées et dans la confrontation. Devant la puissance conceptuelle de la pensée politicienne bien de chez nous, bien que fondée sur les grilles référentielles désuètes qu’on connaît, notre pays ne parvient pas à incarner une pensée émancipée des désillusions qu’il vit depuis trop longtemps déjà...

 

On verra bien, aime-t-on se dire ! Non, nous ne verrons pas mieux, car et tant que d’autres penseront à notre place, et nous mèneront dans des systèmes où nous ne voulions pas aller. Aussi, faut-il accepter la recherche de la vérité, non celle qui mène au dogmatisme, ennemi chagrin de la démocratie, mais celle qui fait poursuivre le bien commun, l’idéal, malgré les indispensables manœuvres politiciennes. Vérité qui conduit au courage des idées. Mais aussi vérité qui mène à l’humilité du débat, celui qui nous permet de confronter nos convictions à celles d’autres mentalités, de façon à apprendre à sortir des particularismes de notre vie pour ériger nos convictions en une pensée acceptable par tous et accessible au plus grand nombre.

 

Comment voulons-nous que notre foi perce, si elle ne parvient pas à s’exprimer en un discours audible ? La Sentinelle défend un espace de débat qui ne revendique aucune identité communautaire, politique ou religieuse, pour que les convictions citoyennes s’affrontent à nu et que leur rencontre produise un discours créatif, engagé et progressiste. Il faut que les meilleures convictions de tout un chacun sortent de leur milieu, il faut qu’elles passent dans le débat public, dans l’arène de la raison, loin de celle de l’émotion.

 

Cette année, dans le sillage de notre 50e anniversaire, on réfléchit activement à une réforme du contenu de nos produits (papier et Web). L’idée est de contacter des citoyens comme vous et moi, qui ont à coeur le progrès social et économique de notre pays, et qui croient en une presse libre et indépendante, afin de générer de nouvelles idées de rubriques, d’enquêtes, de sujets, etc. C’est une réflexion ambitieuse afin de mieux armer notre groupe de presse pour devancer demain.  On vous y attend !