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Avec une pincée de Cehl
Il manie volontiers la rhétorique messianique.
C’est de bon ton, pour une personne qui se dit être le pourfendeur de tous les maux gangrenant la Terre et notre pays. Ses nombreuses « missions divines » ne lui suffisant pas, Cehl Meeah s’est improvisé auxiliaire de justice dans le combat contre la corruption cette semaine. Mais le controversé leader du Front solidarité mauricien ( FSM) mérite- t- il seulement d’être applaudi ? Certainement pas ! Dans le fond déjà, Meeah s’est confondu en approximations au sujet de son accusation à l’encontre du ministre qu’il accuse d’avoir encaissé Rs 25 millions d’argent sale. Les « informations » qu’il a refi lées au Premier ministre n’ont pas permis, selon ce dernier, de vérifier les dires de Meeah. Pire, devant la Commission anticorruption, les « informations » du leader du FSM se sont tout bonnement volatilisées.
Pourtant, Meeah devrait être la première personne à comprendre la nécessité d’établir des preuves solides à l’encontre d’un accusé. En août, c’est faute de preuves et de témoignages fi ables que son procès a été rayé dans l’affaire de la chambre 216. On l’accusait alors d’avoir entraîné une mineure dans un hôtel du Nord.
Précédemment, et malgré les méthodes d’interrogations musclées du défunt surintendant Radhooa et toujours faute de preuves, aucun lien formel n’avait pu être établi entre Meeah et le triple assassinat de la Rue Gorah Issac à Port- Louis durant les municipales du 26 octobre 1996. Or, le même Meeah prétend aujourd’hui faire tomber un ministre du gouvernement sans avancer le moindre élément crédible.
La réponse politique et juridique aux élucubrations de Meeah ne s’est d’ailleurs pas fait attendre. Navin Ramgoolam, après avoir longuement reçu ce dernier à son bureau lundi, a fi nalement expliqué jeudi qu’aucun des « élements » fournis n’était vérifi able. Ce samedi, c’est le ministre mis en cause qui s’est lui- même chargé de regoupiller la grenade lancée par le leader du FSM. Hervé Aimée a, en effet, proposé que les institutions compétentes vérifi ent ses comptes afi• d’établir la vérité sur le transfert présumé. Tout en portant plainte contre son accusateur.
Que penser, donc, d’une semaine durant laquelle Meeah, loin de passer pour un whistleblower sérieux, a fini par hériter d’une aura de guignol ? D’abord, il se peut que la bonne foi de Meeah ait été trompée. Paul Bérenger, luimême victime de ce genre de situations, s’est gardé d’attaquer Meeah, hier, en expliquant que les preuves de ce qu’avance le patron du FSM pourraient fi nir par tomber. Si c’est le cas, on ne peut que le soutenir dans sa quête de la vérité.
Ensuite, il se peut que l’on ait assisté à une « publicity stunt » ayant très mal tourné. Si la notoriété politique de Meeah est nationale, son infl uence politique n’est réelle que dans une partie de Port- Louis. Or, le patron du FSM, comme tous les leaders politiques, a besoin d’une présence médiatique nationale dans le cadre des municipales. Quoi de mieux, donc, que de se poser en redresseur de torts pour se rappeler aux bons souvenirs de l’ensemble des Mauriciens, à grand renfort de titres dans la presse et sur les radios ? Sauf que l’opération semble complètement ratée. Si on s’intéresse à Meeah désormais, c’est pour mieux compter les innombrables casseroles qu’il traîne derrière lui. Il persiste ainsi à vouloir contrevenir aux lois de la République en expliquant que « la femme n’a pas sa place en politique » . Il ne se prive d’ailleurs pas d’exprimer ouvertement son homophobie. Et, depuis la fin de la semaine, il doit composer avec un candidat de son parti accusé d’avoir eu des rapports sexuels tarifés avec une mineure.
Loin d’être positifs, les jours écoulés pourraient même avoir une certaine incidence pour le FSM dans la bataille de Port- Louis.
La semaine dernière, le MMM pouvait légitimement se demander si Meeah n’allait pas leur ravir de précieux votes dans les Wards IV ou VI de la capitale. Une semaine plus tard, il se peut que la situation évolue un peu au vu des faux- fuyants de Meeah. C’est connu, les électeurs préfèrent les politiques qui donnent l’impression de savoir ce qu’ils veulent. Or, vu ses atermoiements, les indécis du Ward VI pourraient prendre les dernières actions de Meeah avec une pincée de… Cehl.
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