Publicité
Bad mood
Rappelez-vous, au début de l’année, la reprise était à nos portes. Le mot «embellie» sur toutes les lèvres. Les révisions à la hausse des perspectives de croissance 2010 pour le pays se succédaient à un rythme soutenu. 4 %, puis 4,1% et finalement 4,6 % prévus il y a encore moins de deux mois par le Central Statistics Office (CSO), dans ses estimations des comptes nationaux.
C’était avant la déflagration de la crise grecque, qui a mis à mal la cohésion de la zone euro et l’éruption du volcan islandais au nom imprononçable dont les cendres ont littéralement paralysé le ciel européen.
Aujourd’hui, le réveil est difficile. Tout le monde est suspendu à la moindre nouvelle pour voir si elle ne va pas être interprétée de façon négative. L’annonce d’un plan de sauvetage de 750 milliards d’euro en faveur de la Grèce n’a été saluée que quelques heures. Les places financière internationales et la Bourse de Port-Louis, qui avaient connu une certaine euphorie dans les premières semaines de 2010, puis à la suite de plan de sauvetage d’Athènes, sont violemment reparties à la baisse. Avec la prise de conscience des déficits vertigineux de l’Espagne, du Portugal et même de la France, les cambistes ont marqué leur défiance. Du coup, l’euro a brutalement décroché face au dollar.
Et ce n’est d’ailleurs pas tant la baisse de la monnaie unique européenne qui inquiète, mais plutôt la violence du mouvement de correction qui provoque des écarts brutaux dans les comptes des entreprises.
Résultat le bad mood est en train de s’insinuer partout. Dans le textile, le passage sous les Rs 42 pour un euro a été très mal vécu, et la perspective d’enfoncer durablement le plancher des Rs 40 affole les responsables du secteur. Des plans de licenciements sont d’ailleurs dans les cartons et pourraient intervenir dans les prochains mois. Dans le sucre, la baisse de l’euro pourrait représenter un manque à gagner de 1 200 par tonne.
Dans ce contexte, les grands groupes sont à la peine, mais les petits planteurs sont étranglés, et songent de plus en plus à abandonner la culture de la canne. L’immobilier souffre aussi.
Les ventes de villas dans le cadre du Real Estate Scheme sont en chute libre. Alors qu’une vingtaine de projets ont été avalisés par le Board of Investment, seuls quatre ou cinq sont réellement sortis de terre. Même tableau pour les villas encore plus chères, les Integrated Resorts Schemes. L’hôtellerie est également frappée de plein fouet. Et doublement.
Non seulement les rentrées en euros rapportent moins de roupies, mais la crise européenne, qui est venue se superposer à la crise mondiale laisse entrevoir de moindres arrivées de touristes en provenance du premier marché du secteur. Tous les acteurs économiques regardent maintenant vers le gouvernement.
Mais on voit mal comment le tout nouveau ministre des Finances Pravind Jugnauth va pouvoir satisfaire l’ensemble des secteurs en difficulté. Car sa carte de crédit libellée en Droits de Tirages Spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international (FMI) a sérieusement été entamée par son prédécesseur.
Décidemment le bad mood va toucher tout le monde.
Publicité
Les plus récents