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Bad mood

17 août 2011, 05:57

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La saison de la publication des résultats trimestriels a démarré et c’est le rouge qui domine. Les pertes se succèdent dans l’hôtellerie, le sucre, l’assurance ou l’aérien. Et par delà les chiffres, ce sont les commentaires des sociétés qui donnent le ton. Elles espèrent toutes un futur meilleur, mais tout le monde ou presque utilise le conditionnel. «Les performances devraient s’améliorer», peut-on lire dans les communiqués de presse mais on le sent : le coeur n’y est pas ou n’y est plus.

C’est que l’environnement s’est sérieusement dégradé ces dernières semaines. La crise de la dette publique en Europe menace désormais directement l’Italie et l’Espagne et la Banque centrale européenne (BCE) a dû jouer les pompiers en rachetant 22 milliards d’euros d’emprunts d’Etat. Un niveau record. La dégradation de la dette américaine par l’agence «Standard and Poor’s» a provoqué un véritable coup de tonnerre et a déclenché une bourrasque qui a balayé toutes les places financières. On commence à parler d’une possible récession aux Etats-Unis et des rumeurs font désormais état d’un éventuel abaissement de la note de la France qui perdrait ainsi son «AAA».

Cet environnement n’est évidemment pas neutre pour Maurice. Aujourd’hui, il est devenu difficile de trouver un économiste qui table encore sur une croissance de 4,6 % cette année. Les turbulences financières et les incertitudes économiques vont sans doute affecter le niveau de la consommation. Or, celle-ci est un des moteurs de la croissance. Et qui dit baisse de la consommation dit baisse de la TVA. Pour le gouvernement aussi, les temps s’annoncent difficiles. L’économie apparaît beaucoup moins résiliente qu’en 2008. Et beaucoup s’interrogent sur la capacité de l’Etat à soutenir l’activité économique.

Les fonds de réserve qui ont servi à financer l’«Additional Stimulus Package» (ASP) et son frère jumeau l’«Economic Restructuring and Competitiveness Programme» (ERCP) ont pratiquement été vidés. Et si le gouvernement veut injecter des fonds dans l’économie il va devoir recourir à l’endettement. Or, la dette publique mauricienne flirte avec la barre des 60 % du Produit intérieur brut (PIB) qui est considérée comme la cote d’alerte par les institutions internationales. Dans le contexte actuel de crise généralisée de la dette publique, le recours à l’emprunt ferait mauvais effet. D’autant que les taux auxquels le pays devrait emprunter pourraient se révéler prohibitifs.

L’inquiétude ne touche pas que les entreprises et le gouvernement. Le petit peuple affiche également un «bad mood». Demandez aux petits pêcheurs de la Butte-à-l’Herbe, à Calodyne, comment ils font pour joindre les deux bouts avec la réduction des prises et le prix de l’essence qui ne cessent d’augmenter. Devant les hôtels, les taxis font également grise mine. Les touristes se font rares. Et ne leur parlez pas de la recherche de nouveaux gisements de vacanciers en Chine. Ils vous répondront que les Chinois ne sortent pas des hôtels. La nouvelle équipe gouvernementale a du pain sur la planche et il va falloir aller au-delà des bonnes intentions. Sans ça, le «bad mood» risque de prendre le dessus et de plonger le pays dans une torpeur économique.

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