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Basculement
Ils jouent avec la crédibilité de notre démocratie. Après les tentatives d’étrangler les médias indépendants, le pouvoir s’attaque aux élections.
Les municipales ont été renvoyées. Ainsi, cette semaine, de nouveaux maires seront désignés parmi des conseillers dont le mandat normal de cinq ans a expiré. Ceux-ci restent en poste uniquement grace à un artifice légal. Notre démocratie est souillée par des pratiques monarchiques de gouvernement.
L’opposition avait timidement protesté quand les journaux libres étaient attaqués. Elle n’a pas été plus vigoureuse dans sa dénonciation de la magouille ayant abouti au report des élections. Quant aux ONG qui sont censées «Watch» la démocratie et les médias, leur silence est assourdissant. Enfin, miser sur un sursaut citoyen relève de l’illusion dans un pays où l’on ne milite plus pour des causes.
La majorité politique invoque une réforme des administrations régionales pour justifi er sa décision de priver les citadins du droit de choisir, cinq ans après la consultation de 2005, leurs élus locaux. On veut bien croire qu’il y a une réforme en préparation. Déjà, sous le premier mandat de Navin Ramgoolam, la commission Sooben avait fait une étude complète de la question et proposé des changements que le pouvoir d’alors avait retenus.
L’intention du Parti travailliste de réformer les administrations régionales est probablement réelle, mais est-ce une excuse raisonnable pour confisquer, entre-temps, le droit de vote ?
La facilité avec laquelle le Parti travailliste a pu obtenir le renvoi des élections est choquante. Cela est de mauvais augure. Demain, le gouvernement peut imposer d’autres décisions arbitraires sachant que la résistance sera faible. Avec un Premier ministre qui sert son troisième mandat, et l’absence de toute perspective d’alternance, le danger d’un basculement vers un régime bananier est loin d’être un fantasme.
L’histoire politique récente est remplie d’exemples où le gouvernement a utilisé son pouvoir pour renvoyer les élections, tant législatives que régionales. Il y a également eu la suppression pure et simple d’élections partielles au début des années 70. Mais ce qui nous a alors permis d’éviter d’entrer en dictature, c’est l’existence d’une opposition prête à bondir sur leurs adversaires à chaque dérive. Aujourd’hui, la situation a changé.
Il faut tout de même se réjouir de l’action solitaire de ce conseiller travailliste de Curepipe, qui a décidé de ne plus toucher ses indemnités d’élu à partir de la fin de son mandat de cinq ans.
Cet élu, Clency Lajoie, considère que son parti a annoncé depuis 2005 la réforme des administrations régionales et que les citadins ne peuvent payer le prix du retard mis par ce parti à appliquer sa réforme. Tiens, il y a tout de même un politicien qui agit par conviction.
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