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Bientôt dans cette salle…

6 juin 2013, 08:36

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Cette exigence de l’administration de la justice en démocratie est explicitement enshrined dans notre Constitution.Cela figure au chapitre 2, alinéa 10(2)(a) : «Every person who is charged with a criminal offence shall be presumed to be innocent until he is proved or has pleaded guilty».

 

Il va sans dire que le médecin et ancien ministre Siddick Chady tombe pleinement sous la protection de cette provision constitutionnelle. Et nous nous garderons bien de le considérer coupable. Mais l’ancien député aime le cinéma, il ne manquera pas de comprendre que son itinéraire puisse inspirer un scénariste, voire donner lieu à un bouleversant biopic.

 

C’est l’histoire d’un jeune homme, issu d’une famille de notables, bénéficiant de la meilleure éducation, bon élève au secondaire, ramenant de bons résultats, au point d’être admis dans une faculté de médecine renommée, dans une ville universitaire courue, Dublin. C’est aussi l’histoire d’un homme, médecin ayant une respectable clientèle, qui subit la double tentation de la politique et des affaires. Si ces dernières étaient, depuis longtemps, une vieille tradition familiale, notamment dans la distribution cinématographique, la politique, elle, fera irruption dans la vie de cet homme par l’effet aussi de certaines amitiés. Dont une proximité rapportée avec le jeune leader d’alors du Parti travailliste, à l’époque où Navin Ramgoolam n’était que le challenger d’un Jugnauth bien implanté.

 

Pour ce qui est de la vie réelle de Siddick Chady, faute d’avoir été présent à ses côtés, aucun journaliste ne pourra dire exactement ce qu’il a vécu, ce qui l’a aspiré dans la spirale l’ayant conduit devant un tribunal, dans le box des accusés, dénoncé à nouveau par un représentant de la firme Boskalis. Cet itinéraire, intellectuel et moral, nous ne disposons pas d’éléments suffisants pour le retracer avec certitude. Le scénariste, en revanche, est libre d’imaginer les effets combinés sur un esprit, au fond, assez faible, les effets déstabilisants du pouvoir, des louanges serviles des quémandeurs, des flatteries de la cour de marchands ambulants, du sentiment d’impunité, de la foule de petites choses qui, du jour au lendemain, transforment un homme ordinaire en un potentat mercantile.

 

Bien au-delà de la vie réelle, sans plus aucun lien avec tout plausible présumé innocent, nous touchons là davantage les ingrédients du film noir, là où la poursuite d’une illusion de liberté fait renoncer jusqu’aux derniers principes de décence, souvent menés par une femme fatale, tous cyniques et blasés.

Et le spectateur est tenté malgré tout de vouloir sauver le personnage. Mais pour cela, il faut avoir le talent d’Humphrey Bogart ou de Robert Mitchum.