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Blog: Conte de faits

5 décembre 2013, 00:21

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Blog: Conte de faits

Ses jeux de mots dans la rubrique «Testé pour vous» ont réjoui plus d’un internaute. Anju Ramgulam disposera désormais de son espace sur notre site, pour son cybercarnet. Une rubrique hebdomadaire, reflet de l’actualité décalée, avec ses coustik de maux ! Pour cette semaine : le monde merveilleux des contes de faits : des ventilateurs qui donnent des sueurs froides, des marchands qui déambulent dans une ville mais pas dans l’autre et des rastas qu’on traite comme de la mauvaise herbe…

 

Il était une fois Mo et Ris, deux êtres qui s’aimaient follement. Le hic, c’est qu’ils n’étaient pas de la même religion. Ni de la même classe sociale. Résultat des courses, leurs proches ne voyaient pas cette relation arc-en-ciel d’un bon œil. Alors, pour vivre heureux, ils vivaient cachés.

 

Comble de malheur, Ris, qui tenait un magasin, avait dû mettre la clé sous le paillasson «Welcome». Il s’était récemment reconverti en marchand ambulant, mais avait été chassé à coup de bulldozer de son étal curepipien. Pour survivre, les tourtereaux dépendaient de la pitance de Momo. Le papa de cette dernière était politichien, il était le patron d’une animalerie installée à Port-Louis.

 

Il faut dire que le père La Clef  n’était pas commode. Il voyait rouge à la moindre critique et, à l’approche des fêtes, en guise de cadeau, il faisait jouer ses relations pour envoyer ceux qui daignaient le menacer faire un petit séjour à l’ombre d’Alcatraz. Une sale manie que Momo, qui avait un cœur tendre, attribuait à la maladie de son père : la diarrhée verbale.

 

Côté parents, Ris n’était pas en reste. Son paternel, M. Ecœuré, qui avait la langue bien pendue, ne voyait pas plus loin que sa moustache. Il passait le plus clair de son temps à grimper sur des caisses à savon pour tenter de rallier des partisans à ses causes perdues d’avance.

 

Le frère de Ris, lui, était policier. Ce qu’il aimait par-dessus tout, c’est couper l’herbe sous les pieds des rastas, qu’il gardait «dan zwin» pour une raison quelconque. Un véritable morpion qui les empêchait d’atteindre Zion. Son passe-temps favori : mettre des contraventions à ceux qui ne roulaient pas assez vite sur l’autoroute.

 

Malgré leurs problèmes, Momo et Ris faisaient contre mauvaise fortune bon cœur. Les dimanches, ils prenaient le «Blue Bus», au péril de leur vie, pour pouvoir profiter de quelques heures d’intimité. Leur nid d’amour, c’était une petite maison abandonnée, au milieu d’un terrain en friche, dont des pollueurs prenaient grand soin.

 

Cependant, avec les récentes averses, la bicoque avait pris l’eau et leur matelas s’était transformé en radeau. A coup de chiffon, ils passèrent leur après-midi à tout nettoyer. Avec la chaleur torride, ils décidèrent de brancher le ventilateur Pacific qu’un ami, qui voulait s’en débarrasser, avait eu la gentillesse de leur offrir. Mais l’appareil prit feu, éteignant du coup sur la flamme de la passion qui brûlait en eux ce jour-là.