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Blâmons Mahé

10 avril 2013, 10:23

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Cela s’appelle botter en touche. Celui qui doit, en vertu de la moralité publique, rendre compte de ce qui s’est passé le samedi 30 mars a répondu à côté de la question qui lui était adressée hier au Parlement. Le leader de l’opposition recherchait des informations pouvant permettre d’établir les responsabilités dans les inondations meurtrières survenues à Port-Louis. Le ministre Anil Bachoo s’est contenté de lui répondre en invoquant une «calamité naturelle».

 

Jamais, des faits aussi graves ne se sont produits à Maurice. 11 morts après 152 mm de pluie. Il est important que nul ne cherche à cacher la vérité. Ni la rhétorique politicienne, ni les références mystiques du ministre ne peuvent honorer la mémoire des morts et soulager le traumatisme de la population.

 

Confronté aux premières conclusions d’un rapport de la police du port, le ministre a eu une réaction déroutante. Le chef inspecteur Tuyau n’est pas un ingénieur, s’est-il exclamé. Lui, non plus, peut-on rétorquer. Mais l’heure n’est pas aux polémiques.

 

Il s’agit de rendre justice et de prévenir d’autres drames similaires, comme le dit Robert Ahnee dans sa lettre au DPP. Pour l’ex-juge, «tout porte à croire que ceux à qui il incombe de maîtriser l’incertitude et les risques ont… non seulement manqué aux règles élémentaires de prévention mais se sont aussi rendus coupables de défaut de diligence normale.» Il conclut que ceux-ci pourraient être passibles de poursuites pour homicide involontaire.

 

Une conclusion pas trop éloignée de celle de la police du port qui a mené l’enquête avant d’être dessaisie du dossier. « There is reasonable ground to suspect that there has been gross negligence on the part of the contractor at the construction site» écrit l’assistant surintendant Boodhram dans une note adressée au Commissaire de police. Il précise que son enquête tente d’établir s’il y a infraction aux dispositions du code pénal par rapport au délit d’homicide involontaire.

 

Les membres de la majorité, eux, blâment l’opposition, notamment pour des décisions prises en 1992. Avec eux, embarquons-nous dans la machine à remonter le temps et demandons-nous si le vrai coupable n’est pas Mahé de Labourdonais, celui qui a engagé les premiers grands travaux à Port-Louis.