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Boodhoo : la cible !

3 mars 2011, 08:39

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On imagine mal ceux qui détestent le thé au gingembre monter un tel attentat dans le garage de Harish Boodhoo. Si dans le passé, l’homme de Belle-Terre a été accusé d’une telle dramaturgie, l’on l’imagine mal, tel un pyromane, mettre le feu au 4/4 de son neveu et à sa propre voiture dans un garage se trouvant à proximité des chambres dans lesquelles dorment habituellement ses proches. Le témoignage de son voisin immédiat – il a entendu des hommes s’enfuyant dans la nuit -  est édifiant et devrait permettre à la police d’éliminer, à priori, la thèse que l’incendie aurait été tributaire d’un court-circuit.

Il y a bel et bien eu, avec ce double incendie de  voitures, une tentative pour nuire à Harish Boodhoo d’une certaine manière et pour sûr, l’intimider. Reste à savoir pour quelles raisons, des hommes se sont aventurés dans les champs de canne de Belle-Terre aux petites heures du matin pour mettre le feu à deux véhicules se trouvant dans son garage avec le risque de provoquer une double explosion susceptible de faire voler en éclats sa maison avec à la clé, quelques cadavres ?

Harish Boodhoo peut certes avoir des ennemis. Son itinéraire politique en est truffé. Mais personne, depuis qu’il a quitté l’arène politique et qu’il s’est isolé à Belle-Terre, n’avait manifesté jusqu’à maintenant à son égard autant d’hostilité sinon de haine. Bien que l’on ne soit pas d’accord souvent avec lui, force est de constater que depuis quelque temps, il a mené plusieurs combats audacieux sur plusieurs fronts là oú l’on aurait dû croiser le MMM, en permanence absent dans l’action concrète. Dans son isolement de Belle-Terre, Harish Boodhoo est devenu au fil des ans, un recours pour ceux qui estiment qu’ils ont le dos au mur à l’instar des victimes de la vente à la barre entre autres. Et tout récemment, il est monté encore une fois au créneau pour dénoncer le scandale ‘Medpoint’ et pour annoncer une série de meetings à travers l’ile afin de sensibiliser l’opinion sur les circonstances dans lesquelles cet achat surprenant a été effectué par l’Etat.

Cette initiative a le parfum d’un remake. L’on se souviendra, avec quelle efficacité, Harish Boodhoo avait entrepris, vers la fin des années 70, son pélérinage à travers l’ile dans sa Volkswagen pour dénoncer le Parti Travailliste et pour appeler les dirigeants d’alors à procéder à des réformes profondes sous peine de disparaitre. Il n’avait pas tort.

Harish Boodhoo ne pèse pas lourd politiquement. En revanche, son pouvoir de nuisance est incommensurable. Si sa parole n’est pas celle de l’Evangile, elle ne pèse pas moins sur l’opinion parce qu’elle est crédible. Une crédibilité acquise parce que non suspecte. N’a-t-il pas répété à satiété qu’il n’a nullement l’intention de redescendre dans l’arène politique ?  A force de le répéter justement, il a pu de tailler un profil de Don Quichotte.

Que sa voix se joigne à d’autres pour dénoncer les injustices, pour être le porte-voix des plus démunis ou qu’il aboie, comme un chien de garde, quand se profile à l‘horizon des scandales, tant mieux ; vu le silence assourdissant de l’Oppisition, des ONG et autres acteurs de la société civile.

Pour l’heure, il appartient à la police de faire toute la lumière sur cette affaire. Pour l’heure aussi, aucun profane ne peut venir donner l’assurance qu’elle est liée à un combat qu’a mené Harish Boodhoo ou à une de ses récentes prises de position.

Ce qui pourtant est une certitude, c’est qu’un groupe d’individus s’est cru autorisé à procéder à une telle opération d’intimidation qui aurait pu avoir des conséquences fatales. Un groupe qui estime qu’il peut opérer en toute impunité et que la police hésitera à mettre un terme à ses frasques. Bref, que cette enquête n’aboutira pas encore une fois. Aujourd’hui Boodhoo, à qui le tour demain ?

Une autre chose est sûre : Harish Boodhoo n’a plus besoin de promo ou d’une campagne d’affiches pour ses meetings. Pour un dénonciateur, ce double incendie est du pain bénit.