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Budget 2012 : Réveil brutal ?

4 novembre 2011, 04:19

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A quelques heures de la presentation du budget 2012, une première pour Xavier-Luc Duval, le pays retient son souffle. La grande question : à quelle sauce serons-nous mangés ?

Tout d’abord, il faut faire ressortir que les choses sont claires : il s’agira d’un budget travailliste, présenté par un allié circonstanciel de la basse-cour bleue. Il ne faudra donc pas s’attendre à de l’éloignement par rapport aux dogmes travaillistes, tels que l’Etat-Providence.

Le secrétaire financier, Ali Mansoor, qui suggérait un paiement symbolique pour les services fournis par l’Etat l’a appris à ses dépens : la technique, c’est lui ; la politique, c’est nous, a rappelé le Premier ministre, Navin Ramgoolam.

Dans un tel carcan idéologique, la marge de manœuvre de Xavier Duval semble étriquée. On ne touche pas à la santé et à l’éducation gratuites, ni à la pension universelle non-contributive, ni au transport gratuit par autobus pour personnes âgées et scolaires.

En même temps, il faudra continuer à investir lourdement dans les infrastructures, comme le réseau routier ou l’aéroport sous peine de péricliter. Les besoins sont énormes : Rs 125 milliards, selon Ali Mansoor.

Et comme souligné plus haut, il n’est pas question de toucher à l’Etat-Providence : la fierté des travaillistes de génération à génération.

Que reste-t-il comme solution pour financer les nécessaires chantiers publics ? Les Public Private Partnership ? La bonne farce. Personne n’y croit plus depuis des années.

Quant a trouvé de nouvelles pistes de développement économique dans un monde où les pôles de croissance basculent de l’Ouest vers l’Asie, comment nous positionner, en attendant une éventuelle diversification de nos marchés ?

En principe, l’exercice budgétaire consiste à équilibrer les comptes de la nation. Mais dans une petite économie comme Maurice, c’est l’occasion d’orienter la politique de développement.

Maurice ‘City State’et paradis du shopping se met en place. Du moins dans les murs de nos centres de shopping. Mais les Mauriciens n’auront jamais assez de disposable income pour viabiliser tous ces temples du shopping. Il suffit de voir l’état de quelques-uns d’entre eux pour s’en rendre compte.

Faudra-t-il sacrifier les intérêts d’Air Mauritius pour en faire une réalité, en ouvrant le ciel davatage et attirer deux fois plus de touristes en attendant une éventuelle diversification de nos marchés ? Ceux qui investissent à coup de milliards dans des shopping centres attendent avec impatience un geste stratégique et politique pour viabiliser leurs investissements.

En attendant, il reste le problème de la dette : Rs 175 milliards, soit 60 % du Produit intérieur brut, à prendre en ligne de compte. La croissance de l’économie sera de 4,1 % cette année, un taux en-deçà de nos attentes et ambitions.

Maurice doit changer son fusil d’epaule pour tirer notre épingle du jeu dans un monde changeant où même les Etats-Unis (25 % de la croissance mondiale) souffrent et ont vu leur note comme emprunteur se dégrader.

La politique de l’autruche, qui consiste à se dire que cela arrive chez les autres et que nous sommes bénis des dieux, ne nous servira à rien. Certains analystes estiment que Maurice n’a pas connu la crise mondiale qui a commencé depuis 2007 et qui perdure.

Est-ce une raison pour continuer à s’asseoir dans notre comfort zone ? En se disant bêtement : « La crise, c’est pour les autres » ? Nous risquons de le regretter, plus tôt que tard. Il est temps de se secouer. Au diable la nonchalance îlienne.

 

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