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Candide Choonee

2 août 2010, 08:36

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Nous allons célébrer tout au long de ce mois la victoire obtenue par les Français sur les Anglais lors de la bataille de Grand-Port du 20 août 1810. Des célébrations qui ont été qualifi ées de mascarade par J.M.G. Le Clézio, prix Nobel de littérature et écrivain «de France et de Maurice» comme il se présente lui-même. Imperturbable, le Premier ministre a donné, lors de la cérémonie inaugurale de vendredi dernier, le ton pour la suite de la fête.

Cette polémique autour de la célébration grandiose, au coût de Rs 43 millions, d’un événement qui laisse indifférents les Mauriciens, suscite de vives passions. L’intellectuel Issa Asgarally et le ministre Mookhesswur Choonee ont exprimé dans les colonnes de notre journal, des opinions totalement divergentes sur la question. Ce débat est utile dans la mesure où il
faut choisir avec un certain discernement politique lesquels des événements qui ont jalonné notre histoire doivent être célébrés.

Le thème des commémorations ainsi que le lieu de la célébration ont une signifi cation particulière pour chaque nation. On l’a encore constaté, il y a quelques semaines, quand un vif débat a opposé les intellectuels africains à leurs élites dirigeantes. Paris voulait commémorer le cinquantenaire de l’indépendance des pays africains en faisant défi ler des soldats africains sur les Champs-Elysées. Cela a provoqué un sursaut d’indignation chez les Africains progressistes.

De même, on peut comprendre l’exaspération de l’intellectuel Asgarally devant la fête à laquelle est conviée la population mauricienne. Celui-ci fait ressortir que les autorités ne célèbrent pas 1810 et son importance dans l’Histoire de Maurice, mais bel et bien la bataille de Grand-Port.

Si on célébrait 1810 comme un événement fondateur de l’île Maurice, cela aurait été mieux accepté. Mais ce n’est pas le cas. Issa Asgarally n’a pas tort quand il dit que les événements organisés autour de la bataille de Grand-Port constituent une célébration des valeurs martiales, du colonialisme ou de l’esclavage.

Le Premier ministre a eu des phrases lyriques pour justifier la commémoration de la bataille de Grand-Port. Il a dit qu’un peuple doit savoir assumer son histoire. «Tout peuple qui veut construire un avenir doit d’abord assumer son passé», pontifi e Navin. Ramgoolam. Cependant, dans sa candeur habituelle, le ministre Choonee avance les motivations réelles des autorités : «Le gouvernement prit (en 2006) la décision d’honorer cette page importante de notre histoire en 2010, tout en y ajoutant des desseins économiques, surtout qu’on savait pertinemment bien, qu’il y aurait la Coupe du monde en Afrique du Sud

Qui aurait cru que les célébrations de la bataille de Grand-Port avaient une «waka waka connection» ? Cette explication prosaïque du ministre Chonee a le mérite d’être sincère.

 

Raj MEETARBHAN