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Les germes de l’intolérance
IlS étaient une quinzaine de fanatiques, intolérants, estimant qu’un «Gospel Festival» ne devait pas avoir lieu, encore moins à Triolet. Forts de leurs certitudes, justifiant leur opération coup de poing, ils ont procédé de manière militaire, au nez et à la barbe de la police régulière, pour perturber le déroulement de ce festival en entrant par petits groupes, en vociférant, en reversant des tables, en lapidant des voitures des environs et en incendiant un champ de cannes, avec comme trophées quelques blessés à l’hôpital.
L’opinion a été scandalisée par cette manifestation d’intolérance religieuse. Il ne s’agit pas ici d’une d’humeur frileuse. Mais d’une opération musclée bien huilée visant à intimider un groupe religieux accusé de prosélytisme. Il est de notoriété publique que des Eglises périphériques, depuis plusieurs années, font recette. Elles recrutent à tour de bras. Leurs moyens de communication sont plus efficaces, leur capacité d’écoute plus appréciée autant que la prise en compte des attentes de ceux déçus par leurs Eglises traditionnelles.
L’Eglise Chrétienne des Hardy et l’Assemblée de Dieu du pasteur Blackburn, depuis des lustres, exploitent avec succès ce fond de commerce. Elles sont financièrement à l’abri du besoin et ne comptent que sur la «générosité» de leurs adeptes. Les travaux pharaoniques des Hardy et le refus d’une allocation gouvernementale par le pasteur Blackburn témoignent de leur opulence.
Si certains groupes religieux traditionnels s’effritent et que leurs fidèles lorgnent ailleurs, ils n’ont qu’à s’en prendre à euxmêmes parce que leurs messages sont devenus anachroniques et leur communication caduque. Malheureusement, tout le monde ne fait pas preuve d’autant de tolérance que Mgr Maurice Piat à l’égard de l’Eglise Chrétienne des Hardy qui saigne l’Eglise catholique.
D’autres, hélas, estiment que «la tolérance… il y a des maisons pour ça !» Ce fanatisme religieux est doublé de la crainte d’une grosse hémorragie de leurs troupes. D’où cette violence pendant le week-end contre le «Gospel Festival» qu’un porteparole d’un groupe socioculturel a voulu banaliser en arguant l’imprudence d’avoir choisi Triolet comme lieu pour sa tenue et un autre contre des tentatives de «conversion» de cette Eglise.
Il est évident que ces arguments sont fallacieux. Triolet n’est pas un carré religieux réservé devant d’être protégé d’un cordon sanitaire contre toute «influence» extérieure. La République mauricienne est une et indivisible et ne saurait être morcelée en groupes religieux ou ethniques. La liberté religieuse est garantie par la Constitution et la «conversion» n’est pas un délit sauf, bien sûr, quand des gourous transgressent des lois pour faire, par exemple, main basse sur des héritages.
Cette violence procède d’un instinct de conservation alimenté par l’intolérance. Ces fanatiques estiment aussi, au nom de leur religion, qu’ils peuvent interrompre la prière des autres, parce qu’ils jouissent d’une forme d’impunité.
Ce serait un mauvais signal si la police ne les traîne pas devant les instances judiciaires.
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